Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

J-LIVE & LET DIE – Poussé dans les cordes, à la limite du KO, l’un des rappeurs les plus sous-estimés ne lâche rien. Y a bon…

« Then What Happened? »

Distribué par BBE/Pias.

J -Live sort un nouvel album, son quatrième, et à peu de choses près, il n’y a pas de raison qu’il recueille davantage de succès: il est en effet aussi bon que ses prédécesseurs… C’est la malédiction du bonhomme: un accueil critique enthou- siaste mais le public ne mord pas. Faut dire que la carrière de J-Live (alias Justice Allah, né Jean-Jacques Cadet, à Brooklyn il y a une trentaine d’années) n’a jamais été un long flow tranquille. Empêtré dans les problèmes avec son premier label, il aura mis cinq ans à sortir son premier disque. The Best Part ne bénéficiera d’une sortie officielle qu’en 2001, quand son auteur se sera résolu à une carrière de prof. Il remettra quand même le pied à l’étrier avec un autre classique, All Of The Above (2002). Problème: aussi léché soit-il, le hip-hop posé de J-Live peine à se faire entendre. Trop malin, pas assez canaille. Résultat: après The Hear After (2005), il trouve refuge en Europe, signé sur l’excellent label anglais BBE.

DéPRIME

Comme quoi, la qualité ne suffit pas toujours. Il faut de l’urgence aussi, savoir être opportuniste, roublard. Pas trop le trip de J-Live. De quoi parle par exemple Then What Happened? ? Pas d’histoires de biyatch, de braquage ou d’orgies. Mais bien de son récent divorce, et de ses trois enfants qu’il ne voit plus que peu. J-Live prend ainsi exemple sur Here, My Dear, le double album que Marvin Gaye avait conçu sur – et pour – payer son divorce.  » I’m just trying to show you my pain » , rappe-t-il dans One To 31 qui ouvre son nouveau disque. Au passage, il évoque aussi ses déboires artistiques, ses faibles ventes… Sur le même morceau, la question est posée:  » Depuis tout ce temps, les gens seraient donc sourds et stupides.  »  » Ils ont pu le devenir à cause de la culture populaire« , répond Justice Allah…

Tout ça sent la déprime. Sauf que, comme toujours, J-Live met les formes.  » Entre l’abattage du MC et la mise à nu, c’est une ligne ténue » , avoue-t-il. C’est précisément là qu’il est le plus fort. Le hip-hop de J-Live sonne volontiers old school mais jamais dépassé, conscientisé mais pas moralisateur. Enregistré dans sa chambre d’ado de Spanish Harlem, Then What Happened? pioche volontiers du côté du jazz (le pétaradant The Upgrade avec Oddisee et Posdnuos de De La Soul), dressant des ponts entre les Roots ( The Understanding) et A Tribe Called Quest ( Ooweee), Gangstarr et Jurassic 5. On connaît pires influences… De leur côté, les beats (concoctés par des maîtres tels DJ Spinna, Jazzy Jeff, ou encore Evil Dee…) ne lâchent rien, ou si peu, toujours précis et pertinents. Franchement, que demander de plus?

www.myspace.com/jlive

LAURENT HOEBRECHTS

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