Italians do it better

Résumer 60 ans de « pop » italienne en 100 albums. C’est la gageure réalisée par le journaliste Rosario Ligammari avec Buongiorno Pop, anthologie éditée par Le mot et le reste. Elle démarre avec Mina en 1960 et se termine en 2020 avec la sortie française d’ Immensità d’Andrea Laszlo De Simone. Entre les deux, alternent classiques -Adriano Celentano, Paolo Conte, Lucio Battisti- et coups de coeur plus personnels -Luca Carboni, les pionniers new wave Chrisma, le formidable Ho scoperto che esisto anch’io de Nada-, sans snober pour autant les icônes variét’ -Eros Ramazzotti, Zucchero, Laura Pausini. La volonté est de balayer les différentes aventures de la pop italienne -rock, punk, disco, rap, prog, etc.- tout en traçant des ponts – » le lecteur pourra évidemment picorer, mais j’ai essayé que l’on puisse le lire de A à Z, en soignant les transitions, en enchaînant par exemple les pionniers reggae d’Africa Unite à Almamegretta« , dont la maîtrise dub poussera même Massive Attack à leur demander de remixer Karmacoma

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Le terme pop s’entend donc au sens large. Avec la question-piège: qu’est-ce qui la fait sonner italienne?  » C’est compliqué à dire, mais je crois quand même que la mélancolie joue un rôle important. Durant les années 70, en particulier, je pense qu’il n’y a pas un seul disque de pop italienne qui ne contient pas le mot. » Un autre élément est sans doute le patrimoine musical local, particulièrement riche.  » Notamment dans le classique et l’opéra, avec des compositeurs, des chefs d’orchestre, des chanteurs, des cantatrices ou même des castrats comme Farinelli. C’est aussi toute la tradition du bel canto. Bref, pour exister, la pop italienne a intérêt à être suffisamment forte et puissante. » Ajoutez à cela une capacité à se réapproprier des codes majoritairement anglo-saxons, en leur greffant une composante musicale locale, ou même plus simplement en l’utilisant pour raconter sa propre histoire.  » Quand quelqu’un comme Frankie Hi-NRG sort son manifeste antimafia, il est forcément plus proche de l’Italie que du gangsta rap US. »

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Aujourd’hui, comme ailleurs dans le monde, c’est le rap et la « pop urbaine » qui donnent le ton,  » mais toujours en conservant l’idée de mettre en avant son lien à une région, voire même à une ville » . Avec des artistes comme Sfera Ebbasta ou Marracash, mais aussi Mahmood, d’origine égyptienne, nouvelle star d’un pays qui a longtemps été davantage une terre d’émigration que d’immigration.  » C’est vrai que l’anthologie ne propose par exemple qu’un seul visage noir -celui de l’Américain naturalisé italien Wess Johnson. Si l’on faisait le même exercice pour la France, je pense que le panorama aurait été très différent. C’est comme quand le Bolognais Cesare Cremonini sort le tube Kashmir-Kashmir , dans lequel il se met dans la peau d’un immigré qui subit le racisme. Je pense qu’en France, on aurait trouvé ça bizarre, limite ridicule. »

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Buongiorno Pop, 100 albums italiens de 1960 à nos jours, de Rosario Ligammari, éditions Le Mot et le Reste, 256 pages.

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