Isolation

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Épaulé par Steve Albini et Ty Segall, Flat Worms fait péter la banquise à coups de marteau-piqueur. Énorme.

Il en va de notre santé mentale à tous. C’est un appel à la raison. Un cri du coeur. Une bouteille de Jack Daniel’s à la mer. Faut arrêter avec les sessions acoustiques, les concerts d’appartement et les festivals à la maison. Puis tant qu’on y est avec les chansons sur le coronavirus et les reprises à la con. En ces temps de confinement, de monde qui tourne au ralenti et de salles à l’arrêt, des disques, il y en a encore un paquet qui sortent. Et des sacrément bons par-dessus le marché. Le troisième Flat Worms est une tuerie. Une détonation. Une déflagration. Une bombe sans retardement. Un défouloir aussi. Peut-être bien le meilleur album à guitares depuis le début de l’année. À défaut de pouvoir sortir de ses murs, Antarctica est une invitation à y foncer. La tête baissée et la fenêtre ouverte. Ça ne peut faire que du bien aux voisins.

Originaire de Los Angeles, Flat Worms n’est pas un groupe de gamins portés par le vent de la hype. C’est le « gueulophone » de Tim Hellman (Thee Oh Sees, Ty Segall, Sic Alps), de Justin Sullivan (Kevin Morby, The Babies) et du guitariste chanteur Will Ivy. « L’isolement est l’un des principaux thèmes de ce disque, porté par l’espoir qu’en exprimant ce sentiment de solitude, on se sentira collectivement moins seuls, résume-t-il dans la bio de leur album. Alors qu’on est tous invités à rester chez soi et à se mettre en quarantaine aux quatre coins du monde, on espère que ce disque sonnera comme un message de solidarité. « 

Isolation

Titre d’ouverture aux allures de cahier des charges (il est plus que scrupuleusement respecté), The Aughts a été écrit alors qu’Ivy visitait les Tombeaux des Rois, une grande nécropole chypriote inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, non loin du port de Paphos. Un lieu emblématique à ses yeux de notre siècle. Tension apocalyptique grandissante, empires déchus et anxiété sur la table. Nihiliste? Chaotique plutôt. Antarctica reflète une situation désastreuse mais pas désespérée.

Tendu comme un string, plus nerveux qu’un amateur de grand air enfermé avec femme et enfants depuis trois semaines dans son appartement trois pièces, il a été enregistré et mixé en six jours à l’Electric Studio. En étroite collaboration avec le maître des lieux, monsieur Steve Albini (Nirvana, Pixies, The Jesus Lizard…), et comme souvent dans les bons coups avec ce diable de Ty Segall, qui sort d’ailleurs l’album sur son micro-label God?, attaché à la maison mère Drag City. Humour cassant et déclarations caustiques, en colère mais cathartique, Flat Worms mord. Flat Worms aboie. Pensez Ex-Cult, Goggs, The Fall, Octagrape. Le single Market Forces raconte l’aliénation de notre image marchandisée à l’outrance reflétée sur les réseaux sociaux. Poing levé, droite dans la tronche. KO debout.

Flat Worms

« Antarctica »

Distribué par Drag City/V2.

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