Un album bouillonnant, un disque visuel et du neuf sur son label Paw Tracks… Animal Collective va mordre 2009 à pleines dents. Le groupe de Baltimore n’est pas près de baisser pavillon.

Tripante, psychédélique, tout le temps en mouvement… La pochette de Merriweather Post Pavilion, nouvel, et déjà 9e album studio d’Animal Collective, est à l’image de la formation à géométrie variable créée voici bientôt dix ans à New York par quatre jeunes tordus à l’esprit frondeur et à l’oreille aventureuse. Si cette « cover » fait des vagues, Animal Collective a toujours aimé les eaux turbulentes et troubles, l’expérimentation et les tâtonnements. Le changement relève de sa dynamique. Déjà, Animal Collective n’a pas de line-up fixe. Les disques qu’il enregistre peuvent comprendre ou non les contributions d’Avey Tare (alias David Portner), de Panda Bear (Noah Lennox), de Deakin (Josh Dibb) et de Geologist (Brian Weitz). Ainsi, Dibb n’a pas participé à la confection de Merriweather… Il n’a pas non plus tiré définitivement sa révérence à l’un des groupes les plus passionnants de l’ère post-11 septembre 2001.  » Quand on a fini d’enregistrer Strawberry Jam, Josh a décidé de ne pas tourner pendant un petit bout de temps, coupe court Avey Tare . On restait sur une année épuisante. C’était le bon moment de passer à autre chose. La forme du groupe a toujours évolué en fonction des projets. »

Stakhanovistes, les trois mousquetaires avant-gardistes ont rapidement fait germer des chansons. Lennox habitant au Portugal, pendant un mois, en avril 2007, ils se sont envoyé des « squelettes de mélodies » via Internet.  » Pour voir si nous étions initialement sur la même longueur d’ondes, précise le Geologist. Nous n’avons pas construit nos morceaux sur le Web. Nous avons poursuivi le boulot en chair et en os. »

En boucles et beats aussi. Merriweather Post Pavilion creusant le sillon électronique.  » Beaucoup de disques d’électro et de danse ne parviennent pas à exister, tonne David Portner. Ils sont lourds. Certains artistes arrivent toutefois à enregistrer des albums en trois dimensions. Burial, par exemple, a bâti une atmosphère qui fait appel à l’imagination. » De l’imagination, il en faut souvent pour deviner ce que chantent Panda Bear et Avey Tare.  » Certains sons et mots vont mieux que d’autres avec la texture de nos morceaux, commente le second . Nous essayons de construire un mur du son dont les voix représentent quelques briques. Nous les utilisons comme des instruments. »

Alors qu’il mixait l’album, Ben Allen, connu pour son boulot avec Gnarls Barkley, le définissait comme suit :  » L’idée est d’avoir à la base un son crade mais tendu et agressif, et ensuite d’y apporter une approche vocale très léchée à la Beach Boys. »

Joyeux trentenaires

Quand un groupe comme Animal Collective intitule une de ses chansons Daily Routine, on se dit que c’est pour mieux la combattre. Mais là encore, ils cultivent l’art du contre-pied.  » Ce morceau parle d’amener sa fille à l’école. De passer du temps avec ses enfants, dévoile Brian Weitz . Certainement pas le genre de routine que l’on cherche à faire disparaître. Au contraire, elle nous manque quand on est en tournée. »

Le train-train n’est pas pour autant le mode de locomotion préféré des joyeux trentenaires.  » Il y a sans doute une routine dans notre façon de fonctionner mais nous ne travaillons pas comme les autres, reprend Avey Tare. Nous tournons moins que la plupart des groupes et nous sommes très sélectifs. Nous essayons d’aller jouer dans des endroits où nous n’avons jamais mis les pieds par exemple. Nous tentons en permanence d’avancer. De rester frais. Mais ce n’est pas comme si nous devions nous battre pour y arriver. C’est inhérent au groupe, à nos personnalités. C’est notre manière d’exister. »

Merriweather Post Pavilion a été enregistré début 2008 au Sweat Tea Recording Studio, à Oxford, dans le Mississippi. Un petit repaire chaleureux dans lequel se sont déjà terrés The Hives, Elvis Costello, The Walkmen, Modest Mouse ou encore Fischerspooner… « L’endroit où vous bossez confère toujours à votre album un son particulier. Nous aurions d’ailleurs aimé trouver un studio à la plage mais nous avons abandonné cette idée pour des raisons pratiques. » En même temps, avec Animal Collective, il y a toujours des grains de sable pour enrayer la mécanique. Les mecs de Baltimore s’arrachent les cheveux depuis deux ans sur un disque visuel avec leur ami Danny Perez. Et ils annoncent du neuf sur leur label Paw Tracks. Black Dice s’est remis à l’ouvrage. Et d’ici février, on découvrira Dent May, songwriter dans la lignée et l’esprit d’un Jonathan Richman.  » On a créé ce label davantage pour le plaisir que pour l’argent. Même si plus personne n’achetait de disques, on serait content de permettre à ces artistes d’enregistrer juste pour qu’on puisse les écouter dans notre coin. »

www.myspace.com/animalcollectivetheband

Texte Julien Broquet

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