La pile humaine – Confrontant son super-héros ordinaire à des questions de morale, Sucker Punch revient avec un plateformer adulte électrisant.

Édité par Sony Computer Entertainment et développé par Sucker Punch, âge 16+, disponible sur PlayStation 3. Spider-Man: Le Règne des Ombres, Watchmen: The End is Nigh et X-Men Origins: Wolverine ont défilé ces derniers mois sans satisfaire les amateurs de comics assoiffés de gameplays téméraires. Exclusif à la PS3, inFamous n’exploite aucune licence DC ou Marvel mais s’impose comme une référence en termes d’hommage aux super-héros US sur console new gen.

A n’en pas douter, 2009 signe le retour en grâce des jeux de plate-forme. Après Mushroom Men: La Guerre des Spores et Bionic Commando, inFamous fait voltiger le joueur sur les toits d’Empire City. Une cité ouverte (façon GTA), laissée à feu et à sang suite à une mystérieuse explosion dont Cole, banal coursier, réchappe. Un type comme un autre, ce Cole. Sans costume folklorique ou gimmick qui tue. « On aimait l’idée d’une personne normale pour que le joueur s’implique d’avantage dans la question morale de ses super pouvoirs », note Bruce Oberg, bouillonnant patron de Sucker Punch (et ex-développeur de Word Mac et Outlook!) « Cole épouse en outre la tradition des super-héros de comics contemporains. Depuis 20 ans, les costumes de type Superman, Batman et Spiderman, c’est terminé. »

De cette énigmatique catastrophe, plongeant la ville en quarantaine pour cause virale, notre héros ordinaire hérite de la faculté de manipuler l’électricité à sa guise, pour répandre le bien ou le mal. Achever un ennemi désarmé, éviter les dommages collatéraux sur la foule lors des combats de rue, soigner des passants agonisant à terre…, la jauge de Karma balance en temps réel vers la lumière ou les ténèbres. Déjà abordée par d’autres jeux comme Fable 2, cette approche change la réaction du microcosme gravitant autour de Cole, depuis ses amis proches (dont Zek, loser geek fan d’Elvis savoureusement interprété en VF par Jérôme Pauwels, la voix d’Hurley dans Lost) jusqu’aux passants en rue qui vous jettent des pierres, ou encore la police.

electric feel

« inFamous tente de montrer les interactions entre la ville, ses citoyens et le joueur », poursuit Bruce Oberg. « Le fil du jeu est comme une rivière qui coule vers une même destination. Au joueur de choisir la rive qu’il emprunte. » Au-delà de la narration, le type de pouvoirs spéciaux électriques (onde de choc, grenades électriques, tir sniper…) à déverrouiller au fil du jeu fluctue également au gré des actions du joueur. Efficace à défaut d’être révolutionnaire. D’autant que Sucker Punch a creusé jusqu’au fond son gameplay électrique, disséminant dans la ville des points de recharge (pour la jauge de pouvoirs spéciaux) et plongeant le joueur dans des quartiers privés de courant pour corser l’aventure. Atteindre une série de check point sur des toits en un minimum de temps, escorter des prisonniers (et leur courir après s’ils s’enfuient), trouver et détruire des mouchards sur les façades d’un bâtiment… inFamous varie et mélange avec une rare intelligence les phases de shoot et de plate-forme.

Cole maîtrise ainsi également l’art du déplacement au fil de phases de passages plateformer très Mirror’s Edge (Electronic Arts) dans l’âme. Calquée sans vergogne sur Sly Racoon, précédente série au succès mérité de Sucker Punch, cette approche voltigeuse est nettement plus simple à appréhender que le titre d’EA.Les spectaculaires acrobaties de Cole s’effectuant sans y réfléchir. Une prise en main un peu trop facile peut-être pour en tirer le plaisir d' »y être arrivé ». La fluidité générale du titre en sort toutefois grandie. Dommage, mille fois dommage, que la réalisation graphique à la traîne ne serve pas mieux le gameplay et l’univers hyper inventifs d’ inFamous. L’inverse aurait toutefois été bien plus regrettable.

Michi-Hiro Tamaï

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