« Les criminels ont de l’avenir mais pas dans le cannabis… » Ça commence dans le sud-ouest du Mexique avec un paysan qui travaille pour les cartels de la drogue et fait pousser de la ganja destinée aux filières clandestines. Il en semait déjà à quatorze ans mais maintenant que la weed a été légalisée dans pas mal d’États des USA, la situation est devenue compliquée pour lui. Il ne peut rivaliser avec une offre légale et de meilleure qualité.

Ça enchaîne avec des Blacks un peu réacs, militants antilégalisation dans des quartiers pauvres. Ils font du lobbying, du démarchage téléphonique financé par un ancien conseiller de Clinton, Bush et Obama dans la lutte contre les drogues. L’ennemi numéro 1 de l’industrie du cannabis, selon le Rolling Stone… Leur lutte semble perdue d’avance. C’est qu’elles remontent, les images en noir et blanc de marines détruisant des champs de beuh au lance-flammes.

Présentée jadis par Ronald Reagan comme la drogue probablement la plus dangereuse des États-Unis (extrait vidéo à l’appui), l’herbe est maintenant devenue un produit lucratif au pays de ce cher Oncle Sam… Et pas seulement pour ses vertus thérapeutiques. Au Colorado, où elle est en vente libre depuis 2014 (huit États prohibitionnistes l’entourent), il y a désormais plus de magasins de cannabis que de Starbucks et de McDonald’s réunis.

« Aucune augmentation de la consommation chez les jeunes », garantit le médecin chef du département santé publique et environnement de l’État. Quarante mille emplois ont été créés. L’argent rentré dans les caisses est utilisé dans le système éducatif. Le canna devient une activité agricole presque comme les autres.

Extrêmement clair et fouillé, le documentaire de Xavier Deleu et Stéphanie Loridon explore aux quatre coins du monde les différents modèles de légalisation du cannabis. Business prospère au Canada, où il est coté en bourse. Commerce singulier en Uruguay, où il est particulièrement encadré. Et dispositif inabouti et hypocrite aux Pays-Bas, où les patrons de coffee shops n’ont pas le droit de se procurer la drogue qu’ils vendent. Depuis 40 ans, les consommateurs y fument une herbe que personne n’a le droit de produire mais à partir de 2020, une dizaine de villes mettront en place une filière d’approvisionnement officiel…

De tous ces systèmes (et de certains accords internationaux), Quand le deal est légal débusque aussi les effets pervers. À Detroit, l’héroïne est aujourd’hui plus consommée que la marijuana. C’est que la légalisation ne fait pas disparaître les dealers. Elle les dirige souvent vers d’autres produits. Toujours plus dangereux. Lobbyistes, paysans, consommateurs, politiciens ou encore membres de cartels étayent le propos d’un débat que promettent de relancer chez nous les élections à venir. En certains endroits du globe, le cannabis est déjà entré dans la grande consommation et le capitalisme financier…

Documentaire de Xavier Deleu et Stéphanie Loridon.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content