Houle sentimentale

© Steve Massfellar honolua bay , maui HI 1974 jeff divine

Difficile de résister à l’attrait de la dérive aquatique quand on a passé son enfance à La Jolla, station balnéaire consacrée de la côte californienne. Né à San Diego en 1950, Jeff Divine y a fait l’apprentissage de la vie et… de la vague. Dès son plus jeune âge, Divine est un véritable athlète qui regarde le monde depuis sa planche. Porté par la force de l’océan Pacifique, il toise l’existence, regarde la terre de haut. Fou de surf, il se met à photographier la discipline sous toutes les coutures. En 1971, Surfer Magazine l’engage et l’envoie dans le monde entier couvrir les meilleurs spots de surf. Il figurera pendant 35 ans au générique de cette publication ainsi qu’à celui du mythique Surfer’s Journal. Au fil du temps, il opère un changement de paradigme: heurs et malheurs aidant, il va davantage donner à voir le surf que le pratiquer, rendre compte des coulisses de ce sport. Peut-être que le fait qu’il possède aujourd’hui l’une des plus grandes collections de photographies de surf de 1970 à 2009 est symptomatique de cette conversion: une façon de tenir la houle à distance. Cette image des années 70, prise en Floride, témoigne du processus d’intériorisation qui naît au contact de l’océan. Quelque part entre l’attente et l’angoisse, le surfeur est suspendu à des forces plus grandes que lui. Difficile de ne pas lire l’inquiétude sur ce visage qui a l’horizon en ligne de mire. Lequel horizon peut prendre la forme du destin sous l’effet du vent et de la météo. On est loin de l’habituel triomphalisme couleur azur qui fait l’apologie du « surfing way of life ».

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