LE TOURBILLON JEANNE MOREAU – L’exceptionnelle actrice fête ses soixante ans de cinéma. Trois de ses plus grands films sortent en DVD, parallèlement à un portrait filmé.

Jeanne Moreau 3 chefs-d’oeuvre de Louis Malle. Un coffret de 3 DVD, édité par Arte, distribué par Twin Pics.

Jeanne M. Côté cour, côté c£ur. De Pierre-André Boutang, Annie Chevallay, Josée Dayan. Edité par Arte, distribué par Twin Pics.

A propos de Jeanne Moreau, François Truffaut affirmait:  » La femme est passionnée, l’actrice est passionnante. » La formule était belle; à la hauteur d’un parcours hors du commun: Malle, Losey, Antonioni, Bunuel, Demy, Richardson, Welles… La liste des réalisateurs qu’elle inspira ne laisse pas d’impressionner. Comme, du reste, l’intelligence de ses choix. Et, bien entendu, l’intensité de son talent .

Ses soixante ans de cinéma sont l’occasion d’une double actualité DVD. Avec, d’abord, Jeanne M. Côté cour, côté coeur, le portrait multiple d’une femme ouvrant les portes de ses univers professionnel comme intime –  » tout ce que je fais est professionnel-personnel, les deux se confondent« , dit-elle. Jeanne Moreau se livre tout en se préservant, refuse toute nostalgie pour lui préférer la lucidité (parfois amusée), et peut s’avérer élégamment mutine.  » La désobéissance me convient absolument« , professe-t-elle à propos d’Antigone, qui décida de la vocation d’une actrice incarnant, plus que quiconque sans doute, la liberté.

LOUIS MALLE

Parallèlement à ce documentaire sortent, assortis de nombreux compléments, trois classiques de Louis Malle auxquels Jeanne Moreau est étroitement liée. Le premier, c’est bien entendu Ascenseur pour l’échafaud (1957), polar tendu immortalisé par la partition déchirante de Miles Davis, mais mémorable aussi par la longue errance de Jeanne Moreau dans la nuit parisienne. Le film rompait avec la production française de l’époque, et annonçait la Nouvelle Vague. Un an plus tard, Jeanne Moreau retrouve Louis Malle pour Les Amants, histoire d’une jeune femme délaissée, mariée et maîtresse sans amour, qu’une rencontre fortuite vient arracher à son ennui.

Enfin, observation d’un suicide annoncé, Le Feu follet (1963) est une oeuvre magnifique, hantée par la présence inoubliable de Maurice Ronet et baignée de la mélancolie d’Erik Satie. Relevée, ici, d’un excellent document de Noël Simsolo. Si Jeanne Moreau n’y a qu’un rôle assez discret, une scène suffit pour exister à une comédienne dont Malle, se remémorant leur rencontre, pour Ascenseur pour l’échafaud, ne se faisait faute de souligner  » le courage » d’avoir accepté de tourner avec un réalisateur débutant qui n’avait jusque-là dirigé  » que des poissons« . Tous deux n’eurent qu’à s’en féliciter…

JEAN-FRANçOIS PLUIJGERS

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