PÉRIL ROUGE – MANICHÉEN ET MAL FINI, HOMEFRONT EXTRAPOLE LES DÉLIRES CONQUÉRANTS DE LA CORÉE DU NORD. UN FIRST PERSON SHOOTER DE SF POLITIQUE, EN GUERRE CONTRE LE COMMUNISME.

ÉDITÉ PAR 2K GAMES ET DÉVELOPPÉ PAR KAOS STUDIO, ÂGE 18+, DISPONIBLE SUR PC, PLAYSTATION 3 (VERSION TESTÉE) ET XBOX 360.

Du maccarthysme à l’axe du mal, les Américains aiment se faire peur. Cinéma et télévision regorgent d’ailleurs de thrillers politiques catastrophes contemporains. Mais le monde du jeu vidéo restait jusqu’ici épargné par ce genre, se contentant de repousser des invasions extraterrestres plus ou moins métaphoriques. En imaginant l’invasion des Etats-Unis (et du monde) par une Corée du Nord réunie avec celle du Sud, Homefront va plus loin et voit rouge.

L’an passé, Homefront avait buzzé à l’E3 de Los Angeles. Dans le hall principal du plus grand salon vidéoludique au monde, une quarantaine de soldats asiatiques au visage figé et aux couleurs nord-coréennes paradaient, se fendant d’un ballet métronomique. Si, depuis lors, le service marketing de l’éditeur a carburé plus que de raison, la véracité de son discours vaut celle d’une campagne de propagande communiste.

Englué dans un gameplay vu à la première personne singeant paresseusement Modern Warfare et consorts, Homefront suit Robert Jacobs, résistant américain endiguant la vague rouge inondant son pays. L’effort de contextualisation géopolitique de Kaos Studio est louable. L’Occident libéral sombre, entraîné dans sa chute par une crise économique sans précédent et un assèchement des ressources pétrolières. Nommément cité dans cette production plantée en 2027, Kim Jong-eun, le fils de Kim Jong-il, peut concrétiser ses délires invasifs. Face à des géants de l’édition vidéoludique vissés à du politiquement correct, cette extrapolation basée sur la réalité réjouit. Même Hillary Clinton est de la partie.

Faucille et marteau

Ecrit par John Milius, le scénariste d’ Apocalypse Now et des 2 premiers Inspecteur Harry, l’histoire d’ Homefront tire toutefois sur des ficelles psychologiques aussi grossières que ses textures graphiques périmées. Entre 2 phases d’une action linéaire, le titre des créateurs du médiocre Fuel of War force le joueur à se balader désarmé dans des camps de réfugiés ou de rebelles criblés de clichés d’un sentimentalisme facile. On découvre ainsi des enfants de tous âges vivotant dans une précarité nunuche. Une sorte de nanar eighties réinterprétant le Vietnam de Chuck Norris. Sans oublier des pelleteuses transportant par dizaines des cadavres US et l’assassinat d’un couple devant les yeux de leur enfant en début de partie.

Nanti d’une prise en main correcte et d’un arsenal d’armes suffisamment hétéroclite pour amuser la galerie, le gameplay d’ Homefront manque cruellement de sel. Les scripts clichés, entre snipe et phases d’infiltration, ne surprennent pas. Parfois la bonne surprise guette, notamment avec le pilotage téléguidé du Goliath, tank destructeur assez jouissif. Mais on progresse la plupart du temps à couvert. Parfois en traçant son chemin pour rester à l’abri de tourelles mitrailleuses surélevées, avec pas mal de game over idiots et énervants à la clé. D’autant que les checks points ne sont pas intelligemment placés. Alourdi de bugs burlesques amenant des ennemis à jouer au passe-muraille, Homefront ressemble finalement comme 2 gouttes d’eau au régime communiste nord-coréen actuel. Une farce ubuesque et humainement tragique.

MICHI-HIRO TAMAÏ

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