Hollywood confidentiel

Butch Cassidy and the Sundance Kid © dr

Capricci publie les mémoires de William Goldman, romancier et scénariste oscarisé pour Butch Cassidy et Les Hommes du président. Un régal.

Du mitan des années 60 au début des années 2000, William Goldman (1931-2018) a compté parmi les scénaristes les plus en vue de Hollywood, signant notamment les scripts oscarisés de Butch Cassidy and the Sundance Kid et de All the President’s Men, mais encore ceux de Marathon Man (adapté de l’un de ses romans), Misery ou Absolute Power, excusez du peu. C’est dire si ce natif de Chicago, New-Yorkais d’adoption, connaissait la musique, expérience consignée dans deux livres parus en 1983 et en 2000 aux États-Unis, ramassés en un volume pour cette première traduction française. Goldman y retrace son parcours en s’arrêtant sur les étapes-clés de sa filmographie, chaque chapitre correspondant à un film, dans une somme qui, si elle a un petit côté “manuel à l’attention des aspirants scénaristes” totalement assumé, offre plus encore une vision de l’intérieur d’une usine à rêves dont il a connu le dernier âge d’or. Le tout, ficelé avec un art du récit -on n’en attendait à vrai dire pas moins- et un sens de l’humour rarement pris en défaut.

© National

Échecs cuisants et réussites majeures (voire un mélange des deux, comme All the President’s Men, film d’exception mais certainement pas son expérience la plus heureuse), William Goldman a tout vécu au gré de sa carrière. Il évoque les uns et les autres avec une même franchise, agrémentée d’une solide dose d’autodérision. Indispensable, sans doute, lorsqu’on navigue dans les eaux troubles de Hollywood, ses mirages, ses lubies de producteurs et ses (caprices de) stars. Aux côtés des conseils avisés – “La plus importante de toutes les leçons quand on écrit des films: UN SCéNARIO, C’EST UNE STRUCTURE”, précise-t-il deux fois plutôt qu’une en lettres majuscules-, les anecdotes se bousculent, assorties de ses réflexions bien senties. Et cela, qu’il évoque comment The Right Stuff a tourné pour lui au cauchemar -divergence d’opinions avec le réalisateur, Philip Kaufman- ou qu’il aborde le flop retentissant de The Ghost and the Darkness, invoquant un faisceau de raisons, la moindre n’étant pas l’alchimie inexistante entre son duo de stars, situation qu’il résume avec un sens aiguisé de l’euphémisme: “Je crois que si Michael Douglas et Val Kilmer avaient joué dans Butch Cassidy et le Kid à la place de Robert Redford et Paul Newman, vous ne seriez pas en train de lire ce que j’ai à raconter sur le métier de scénariste.Il n’en fut heureusement rien, et ces confessions d’un scénariste, hollywoodien jusque dans une obsession pour les stars pouvant virer au fétichisme (“je suis prêt à n’importe quoi pour savoir la vérité sur la taille d’un acteur”, écrit-il, exemple hilarant à l’appui), se révèlent un authentique régal. Incontournable.

Les Aventures d’un scénariste à Hollywood

De William Goldman, éditions Capricci, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Rousselot, 400 pages.

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