Le développement d’un jeu vidéo se rapproche de plus en plus d’une épopée hollywoodienne. Au point de provoquer une fuite des cerveaux du 7e art vers le hard gaming.

Le temps des pionniers du jeu vidéo, tel le créateur star David Crane s’enfermant seul dans son bureau pour développer Pitfall (et en vendre 4 millions de cartouches sur la console Atari 2600), est bel et bien révolu. Aujourd’hui, les entreprises qui conçoivent les jeux s’appellent des « studios », et ce n’est sans doute pas une coïncidence.  » Car la création d’un jeu vidéo s’apparente de plus en plus à la production d’un blockbuster hollywoodien« , explique Paul Waters, l’un des managers des studios Codemasters (qui viennent de sortir le jeu de rallye Colin McRae: Dirt 2 et finalisent Operation Flashpoint, un des titres de guerre les plus attendus de la fin d’année).  » L’équipe qui s’occupe d’un jeu dépend évidemment de la difficulté du projet, mais sur des titres très importants, lors des phases critiques du développement, un team peut parfois grimper jusqu’à 200 collaborateurs. » Et donc, comme l’investissement consenti pour le lancement d’un jeu, depuis son développement en passant par son marketing et sa distribution, prend des proportions gargantuesques (on parle de 25 millions de dollars pour les plus gros titres), pas question de se tromper.  » Avec de telles sommes en jeu, une erreur de jugement peut provoquer la faillite d’un studio de développement! Raison pour laquelle nous faisons appel à des spécialistes. Il est aujourd’hui inconcevable qu’une même personne se charge du graphisme, du son et du gameplay.  »

Jeu, « set » et match

Et si le « plateau » où se conçoit un jeu consiste généralement en un paysager regorgeant de jeunes développeurs hirsutes cachés derrière des ordinateurs, et ne ressemble donc en rien à l’ambiance dégagée par un « set » de tournage hollywoodien, pas question de s’arrêter aux apparences.  » La façon de travailler ici, chez Codemasters, est moins spectaculaire, mais certaines fonctions sont très similaires à celles que l’on trouve dans le cinéma. Nous disposons par exemple d’un département centré sur les effets spéciaux. Forcément, d’autres parties de l’activité restent propres au jeu vidéo, comme le codage informatique proprement dit. Mais les univers s’interpénètrent de plus en plus. » Au point que certains ténors du cinéma font le grand saut vers le « gaming ». Comme le compositeur Graeme Revell qui, après avoir travaillé sur Sin City ou Les chroniques de Riddick, a récemment été embauché par Activision pour superviser la musique de Call of Duty 2.  » Une tendance qui risque d’augmenter« , reprend Paul Waters.  » Puisque les techniques de développement deviennent de plus en plus similaires, les compétences suivent le même chemin. Le cinéma est en crise et le jeu en excellente forme financière. Il ne faut pas être medium pour deviner vers quel secteur vont se tourner les meilleurs pour exercer leurs talents à l’avenir. »

Mao Boy

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