Mythique et novateur groupe new-yorkais, Antipop Consortium reprend le chemin de la scène avant celui du studio.

On associe souvent le rap américain au bling bling (depuis récupéré par Sarkozy), aux pépettes, aux pétards et aux pépées. Le hip-hop US, ce n’est pourtant pas que des histoires de chaînes en or, de dollars, de flingues et de femmes aux yeux qui crient braguette. Antipop Consortium en représente d’ailleurs la parfaite antithèse. Six ans après leur séparation, les New-Yorkais ont décidé de relancer la machine. Rendez-vous dans un hall d’hôtel au c£ur de Big Apple. Un quart d’heure de retard. On se décide à appeler Beans. Comme un écho sur la ligne… L’homme arrive dans notre dos avec une paire de lunettes à faire pâlir d’envie Elton John.

Pour les distraits, Antipop Consortium s’est imposé au début des années 2000 comme l’un des groupes les plus inventifs du hip-hop. Un hip-hop expérimental aux touches électroniques. Beans, High Priest et M. Sayyid s’étaient rencontrés dix ans plus tôt au Nyurican Poet Cafe lors de soirées spoken words (plus précisément lors des rencontres « Rap meets Poetry »). Un endroit où Company Flow, Mos Def et autre Saul Williams fourbiront, comme eux, leurs premières armes.

« Tout est toujours une question de temps, insiste Beans . Après notre séparation, en 2002, nous ne nous sommes pas tourné le dos. Nous sommes restés en contact. On se voyait. On se téléphonait. On assistait à nos concerts respectifs. On avait juste besoin de faire des trucs dans notre coin. » High Priest confirme . « Nous avions besoin d’un break. Nous bossions sur d’autres projets. Il nous fallait du temps pour répondre à nos désirs, pour prendre un peu d’air, pour nous apprécier à nouveau et amener quelque chose de neuf sur la table. Nous travaillons de la même manière qu’il y a dix ans mais nous nous comprenons mieux. Et la technologie a évolué. »

« Ce n’est pas la technologie qui est intéressante, rebondit le savant Earl Blaize. Mais bien l’usage que tu en fais. Le progrès et les programmes ne dictent pas la direction que doit emprunter ta musique. Le plus important, c’est ta signature, ta personnalité.  » Antipop a sa griffe mais reste en perpétuelle évolution. Après avoir repris la route, une route qui s’arrêtera à l’Ancienne Belgique le 14 avril, les New-Yorkais bosseront sur leur prochain disque. « Mon meilleur projet est toujours le prochain. Ca va être nouveau, chaud et malin. »

« Arrhythmia et nos parcours solos respectifs devraient pouvoir renseigner nos fans sur le chemin que nous allons emprunter. Mais nous devons encore beaucoup en discuter, précise High Priest. Généralement, nous arrivons avec une idée. Un concept. Et puis, en équipe, on essaie d’en faire une chanson. Beaucoup de nos pairs n’ont pas le savoir-faire et les idées que nous possédons dans nos rangs. Le plus important dans la musique, c’est les options. Et nous en avons des tas. »

EBRANLER L’éQUILIBRE

Loué pour son esprit d’invention, Antipop a toujours eu pour slogan »ébranler l’équilibre ».

« Qui trouve-t-on novateur dans le hip-hop d’aujourd’hui? Stevie Wonder, George Clinton, Earl Blaize, Beans et M. Sayyid (rire collectif). Pour l’instant, sur mon iPod, tu trouves des synthés des années 70, Brian Eno, Funkadelic et Herbie Hancock. Beaucoup de fusion. »

« Le Gnarls Barkley est cool mais je préfère le nouveau Portishead, avance Beans. C’est définitivement son son et en même temps, il change de direction. » « Moi, je n’ai pas d’iPod, enchaîne Earl. Je n’ai pas assez de temps pour écouter de la musique. Je la travaille. »

C’est à lui qu’on doit le sample d’une balle de ping-pong sur Arrhythmia. « Parfois, nous trouvons le titre avant d’avoir la chanson. Et ce fut le cas de notre morceau Ping Pong . Mon frère avait une table dans la cave. Je me suis demandé si rythmiquement, je pourrais faire quelque chose avec le bruit d’une balle qui rebondit. J’aime manipuler les sons et les incorporer à nos chansons. Mon environnement entre clairement en ligne de compte. Le bruit du train, de la ville. » Les pas de Barack Obama? « Les Américains sont prêts pour un président noir, affirme Beans. De toute façon, quelle alternative ont-ils? Tu regardes 24 Heures ? Le président Palmer est noir non? Je ne sais pas ce que ça changera pour les blacks. Son agenda ne sera pas focalisé sur la communauté afro-américaine. Il va déjà devoir gérer la guerre. Qu’il se barre d’Irak ou qu’il y reste, il y aura des gens pour lui taper sur le dos. Bush a foiré. Il a bien foiré et va laisser un sacré merdier. »

A l’Ancienne Belgique le 14/04 (Domino).

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