CHAQUE SEMAINE, GROS PLAN SUR UN PROJET DE BD AVORTÉ.

Quel est le projet, comment le résumeriez-vous?

G.B.: C’était un projet de one-shot de Spirou et Fantasio, dans le cadre des « Spirou vu par… ». Lors d’une interview de Franquin, réalisée par Fantasio lui-même pour Le journal de Spirou, Fantasio écrivait: « Franquin m’envoie toujours dans des aventures où je n’ai pas le beau rôle, j’en ai assez à la fin! » Nous voulions donc rendre hommage à Fantasio en proposant de réaliser un album dont il serait le héros principal -non plus « une histoire de Spirou et Fantasio », mais « une histoire de Fantasio et Spirou », si vous voulez.

L’action se situe au début des années 60: Fantasio va commencer à nourrir une rivalité envers Spirou, et va s’affranchir de son influence… pour subir celle de personnes peut-être moins bien intentionnées que son ami de toujours. Ses nouveaux amis seront Jacques Bergof et Paul Wells, fondateurs du journal Planétoïde avec lequel il entame une nouvelle collaboration (un journal qui étudie les domaines généralement en marge de la science officielle: phénomènes paranormaux, alchimie, civilisations disparues, etc. franchement inspiré du Réalisme fantastique et de la revue Planète, créée par Jacques Bergier et Louis Pauwels au début des années 60). Des forces obscures viendront bousculer la vie de Spirou et Fantasio… En fil rouge: l’avenir de leur amitié sur un plan personnel, l’avenir de l’humanité sur un plan universel…

Pourquoi n’a-t-il pas vu le jour, quel était le contexte ?

G.B.: C’est un projet qui ne peut être pris que par un seul éditeur puisqu’il s’agit de Spirou ! Un des éditeurs de chez Dupuis a montré un véritable intérêt, puis la piste s’est refroidie, étiolée au fil des mois. En interne il semble que tout le monde n’était pas d’accord. Il aurait fallu que je pousse davantage le scénario sans doute. Mais aussi le trait d’Hugo Piette n’a pas semblé assez « grand public ». Et les voyants, qui semblaient verts au départ, sont progressivement passés à l’orange puis au rouge… sans véritable réponse claire et assumée de l’éditeur…

H.P.: Il y avait de nombreux projets de one-shot sur la table à ce moment-là. Tout le monde n’allait pas en faire un, nous le savions, ça faisait partie du jeu. Mais nous estimions que notre projet tenait la route, et avait des atouts non négligeables, mais ça n’a pas convaincu le comité éditorial, je ne sais pas…

Quel regard portez-vous sur ce projet avec le recul, regrettez-vous qu’il n’ait pas existé ou au contraire, pensez-vous que c’est mieux ainsi ?

G.B.: J’aurais été heureux qu’il existe, mais pas de regret pour autant. On a pu travailler ensuite avec Hugo sur une histoire en deux tomes (Varulf chez Gallimard).

H.P.: Non je ne regrette pas. Mais le scénario de Gwen reste prometteur.

A-t-il nourri d’autres projets par la suite (si oui, lesquels?), a-t-il été important pour vous dans votre parcours ?

G.B.: Les thématiques et les idées qui se trouvent dans Le Clandestin éternel m’habitent depuis longtemps. Il est possible qu’elles prennent forme autrement, soit dans un récit proche de celui-ci, soit en m’inspirant de certains sujets et matériaux pour un autre récit.

Pensez-vous le reprendre un jour ?

G.B.: Jacques Bergier a déjà fait quelques apparitions en BD, notamment dans un Spirou, sous le nom du professeur Sprtschk dans Le Voyageur du Mezozoïque. Il est aussi Mik Ezdanitoff dans l’album de Tintin Vol 714 pour Sydney. Je trouve qu’il mérite mieux que ces « gentils hommages ». Il serait sans doute le personnage principal du projet si je devais y retravailler un jour…

H.P.: Non, pas tel quel.

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