Dérapages incontrôlés – Gran Turismo PSP trahit l’âme de la légendaire série pour s’articuler en mode arcade. Le titre s’impose toutefois comme une référence sur portable. Faute de concurrent.

Édité par Sony Computer Entertainment Europe et développé par Polyphony Digital, âge 3+,disponible sur PlayStation Portable et PSP Go (en téléchargement).

Après le scratch réalisé sur la PlayStation en 1998, la saga Gran Turismo chauffe à présent la gomme sur PSP et PSP Go. Une édition très attendue puisque la licence phare de Polyphony Digital avait été annoncée il y a (déjà) 5 ans sous le nom de code Gran Turismo Mobile, pour appâter le chaland vers la portable de Sony. Malgré ce long temps de développement, le studio tokyoïte a bâclé cette copie, en oubliant en outre toute nouveauté susceptible d’épater la galerie.

Il y a 11 ans, lorsqu’il dopa les ventes de la première PlayStation et aida Sony à taquiner Nintendo sur son propre terrain, Gran Turismo avait quelque chose de magique. Certains évoquaient un jeu de rôle motorisé. Et pour cause, le titre articulait sa progression comme un RPG, avec un système d’achat d’occasions et de modifications hyper réalistes (on ne parlait pas encore tuning façon NFS à l’époque) de ses bolides. Au-delà de ses kilomètres de textes descriptifs aux allures de catalogue interactif, de ses légendaires replays et de ses 178 bolides à la modélisation maniaque, la physique ultra réaliste du comportement des véhicules et leur prise en main difficile mais gratifiante a définitivement marqué l’histoire vidéoludique. Même les allergiques au joypad ont « déjà entendu parlé de Gran Turismo « .

Qu’on se le dise, tiré hors de son glorieux passé, le nouveau Gran Turismo PSP n’est pas un mauvais jeu. Loin de là. Parvenir à faire tenir au creux de la main du joueur 800 Matchbox plus vraies que nature et 35 circuits vraiment rafraîchissants (et autant de déclinaisons) relève en effet de l’ensorcellement vaudou. Mieux, malgré quelques polygones mal raccordés, le titre pousse la portable de Sony dans ses derniers retranchements graphiques. Mais cette claque visuelle et l’époustouflant contenu qui l’accompagne ne parviennent pas à masquer l’orientation résolument arcade prise par le jeu dans son système de progression (heureusement pas dans la prise en main).

Fin de carrière

Les pilotes aimant amasser les crédits en remportant des courses pour acheter LE pot d’échappement qui ajoutera quelques précieux chevaux à leur monture déchanteront. Pas de voitures de seconde main et pas d’achat de pièces détachées: Gran Turismo PSP jette son mode carrière à la poubelle. Son âme aussi. Pis, les dégâts de véhicules ne sont toujours pas pris en compte, ce qui permet de remporter des courses urbaines (Monaco ou New York par exemple) en rebondissant contre les murs. L’ultra réalisme de Gran Turismo en prend un coup. Heureusement, le mode réseau ad hoc (en Wi-Fi) à 2 joueurs sauve les meubles avec un parti pris égalitaire, handicapant au fil des courses les gagnants pour équilibrer les duels. Offert temporairement en téléchargement pour tout achat d’une PSP Go, Gran Turismo PSP aura bien du mal à remplir son rôle d’incitant. Un clou menaçant, dressé sur le chemin de la saga qui ne pourra pas se permettre la moindre erreur sur PS3 (attendue début 2010), vu l’arrivée de Forza Motorsport 3 sur Xbox 360.

Michi-Hiro Tamaï

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