Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

HUIT ANS (!) APRÈS SON PREMIER ALBUM, JACKSON AND HIS COMPUTERBAND SORT GLOW. UN FAMEUX TRIP ÉLECTRO MULTI-COUCHES QUI BRILLE DANS L’OBSCURITÉ.

Jackson and his Computerband

« Glow »

DISTRIBUÉ PAR WARP.

7

Il y a parfois du bon à l’attente. De quoi créer de la tension, de l’envie. Du moins quand elle ne cède pas à l’oubli… Il a fallu huit ans (!) à Jackson and his Computerband pour sortir son 2e album, le présent Glow. Autant dire une éternité. L’industrie discographique a beau avoir perdu pas mal de repères depuis la révolution Internet (notamment temporels), certaines manoeuvres restent extrêmement risquées. Comme ne pas donner de nouvelles, ou presque, pendant près d’une décennie. Imaginez: publié en 2005, Smash a déboulé dans un monde qui ne connaissait pas encore Facebook, ni Spotify, et dans lequel MySpace était the place to be pour les nouveaux groupes cherchant à se faire connaître. Un monde dans lequel Coldplay devenait officiellement le nouveau U2 (l’album X&Y), et qui voyait Destiny’s Child splitter officiellement. Plus incroyable encore: une planète musicale sans Rihanna… En France en particulier, les foules s’éclataient sur Un monde parfait d’Ilona (meilleure vente 2005) et Crazy Frog. Ah oui: Daft Punk sortait également son 3e album, Human After All

Daft Punk justement. Français comme Jackson Fourgeaud (34 ans aujourd’hui, et seul véritable maître à bord de Jackson and his Computerband), fascinés pareillement par l’électronique, ils ont aussi sorti cette année leur premier véritable album depuis 2005, Random Access Memories. Avec le fracas que l’on sait… Le retour de Jackson fera certainement moins de bruit. Glow et ses paysages cinématographiques ne manquent pourtant pas de panache.

A l’inverse de ses éminents collègues, Jackson n’a pas abandonné les machines. Au contraire, il les a reboostées pour leur faire prendre 1001 détours. C’est ce qui plaît d’abord dans Glow: son incapacité à filer droit. Moins sombre et « gothique » que son prédécesseur, voilà un disque qui n’en fait qu’à sa tête, multipliant les clins d’oeil et les références (eighties notamment), sans forcer à tout prix le sourcil ironique hipster -un titre comme G.I. Jane (Fill Me Up) n’en est pas loin, on l’avoue, avec sa basse et sa drum machine typiquement French Touch, tout comme Pump sous influence Justice. Le disque s’ouvre avec Blow: un arpège très « beatlesien » boucle au ralenti, avant que Jackson ne lâche les chevaux. Plus planant, Seal enchaîne avec un beat brumeux, presque trap. Parfois, le patron se permet de péter un plomb: noisy et frénétique, Blood Bust vire quasi jumpstyle, jusqu’à frôler l’insupportable, avant de calmer le jeu avec Memory.

Dans certains albums, l’éclectisme peut vite s’avérer une tare, les changements d’humeur finissant par larguer l’auditeur en quête de fil rouge. A l’inverse, Glow est de ces disques dont chaque revirement relance l’attention. Un trip un peu barré, mais régulièrement épatant pendant lequel il est quasi impossible de s’ennuyer. Come on board!…

LAURENT HOEBRECHTS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content