UN AN APRÈS S’ÊTRE RELANCÉS AVEC EVEREST, LES GIRLS IN HAWAII COUPENT L’ÉLECTRICITÉ AVEC UNE SÉRIE DE CONCERTS ACOUSTIQUES ET LE DISQUE QUI L’ACCOMPAGNE, HELLO STRANGE. EXPLICATIONS.

Ce sera la toute dernière. Après plus d’un an de tournée, les Girls In Hawaii se préparent à atterrir en beauté. Et en douceur. L’ultime tour de piste sera particulier. Le 9 décembre, le groupe montera en effet sur la scène du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles -rien que ça. Quelques minutes avant le concert, les gars troqueront leurs jeans-baskets contre un veston-cravate inédit, vérifieront dans le miroir que le noeud est bien droit, débroussailleront éventuellement leur tignasse. « C’est très étrange, ces moments où l’on est tous en train de se regarder, un vrai truc de filles« , se marre Lionel (Vancauwenberghe, voix/guitare). « On ne pouvait décemment pas arriver avec nos vieilles loques dans la salle Henry Le Boeuf« , sourit Antoine (Wielemans, voix/guitare). Pour la petite histoire, l’événement est le résultat d’une collaboration, rare, entre trois des principaux lieux de concerts bruxellois: le Bozar (fédéral), l’Ancienne Belgique (flamand) et le Botanique (francophone). Un indice supplémentaire de la reconnaissance acquise par les Girls In Hawaii, l’une des seules formations issues du Sud du pays à avoir également trouvé un écho significatif au Nord.

Le lieu sera donc exceptionnel. La manière de l’investir aussi. Pour clore le chapitre Everest, du nom de leur 3e album sorti il y a un an, et la tournée (internationale) qui a suivi, les Girls ont en effet décidé de se mettre dans les pattes une vingtaine de concerts en mode acoustique -ou encore « unplugged » comme on disait dans les années 90. Pour en parler, on retrouve Antoine et Lionel dans un café « ivre » du bas de Saint-Gilles. « On a longtemps gardé l’idée secrète, explique le premier cité. Mais depuis le départ, on avait envie de terminer la tournée avec une série de dates acoustiques. A la base, nos disques sont composés de plusieurs facettes. Certaines choses sont plus intimes, plus posées. Or, en tournée, on a toujours eu des difficultés à rendre correctement ce versant de notre musique. Quand on essayait malgré tout de le faire, c’était rarement amusant, notamment parce que ce n’était jamais le bon contexte. Jouer en électrique, miser sur l’énergie, nous éclate énormément. Mais du coup, toute une partie de notre travail passait aussi à la trappe. Du coup, l’idée est venue de monter une série de concerts autour de ça, avec de nouveaux instruments, beaucoup de voix, quelque chose d’acoustique, d’assez ludique… Le faire aussi dans une série de salles qui rendent assez bien ce genre de climat: généralement des théâtres, en tout cas des salles assises, de jolis lieux, qui ont souvent un très beau son naturel. » Lionel renchérit: « Cela représente aussi un vrai challenge de musicien. Tout devient plus délicat, les voix tremblent… On entend la moindre subtilité, mais du coup aussi la moindre faute. C’est ce qui rend le truc à la fois magique et effrayant.  »

Girls just want to have fun

Ils l’avouent facilement: le groupe n’aurait probablement pas osé se lancer dans ce genre d’exercices il y a quelques années. « On est meilleurs musiciens aujourd’hui. On peut mieux assumer« , glisse Antoine. Le projet en dit long aussi sur le groupe et sa volonté, de plus en plus précise, de « s’alléger ». Band modeste et sincère, les Girls In Hawaii sont aussi connus pour avoir du mal à lâcher les choses, s’épuisant à peser longuement chaque choix, discutant pendant des heures la moindre décision. Depuis Everest, la formation semble pourtant vouloir s’assouplir de plus en plus. Par exemple en confiant à d’autres (que l’ami Olivier Cornil) le soin de clipper leur musique -jusqu’à laisser les titres de leur dernier EP, Refuge, entre les mains de réalisateurs amateurs. La mini-tournée « unplugged » est une preuve supplémentaire de cet état d’esprit. D’autant que le groupe a encore compliqué les choses en enregistrant au débotté Hello Strange, disque témoin de cette récréation acoustique. « Comme c’était quelque chose que l’on n’avait encore jamais fait, on trouvait ça pas mal de garder une trace, un enregistrement. Et de le proposer aux gens directement à la sortie des concerts. »

La démarche impliquera un timing (très) serré. D’autant plus étroit pour un groupe qui aime prendre son temps. Le 5 septembre, les Girls donnaient donc leur dernier concert électrique au festival de Wardin. Deux jours plus tard, ils se lançaient dans l’aventure. « On est repartis de zéro. » Pour des raisons de fabrication, la pochette est alors déjà envoyée à l’usine, mais sans tracklisting. Il faut choisir les chansons, les réarranger, les tester. Le processus créatif démarrera à Bruxelles, se prolongera à Sensenruth, à côté de Bouillon. « Un ami de Boris (Gronemberger, batterie) habite là-bas. Il est architecte de jardin et a construit une sorte de grande grange dans laquelle il organise régulièrement des concerts. On a pu y rester 15 jours. En échange, on y a joué un premier try-out, devant le public d’habitués. » Le groupe foncera ensuite à Louvain-la-Neuve, à la Ferme du Biéreau, bloquant deux jours pour préparer le terrain, avant d’y donner deux concerts à la fin octobre. Enregistrés, puis mixés et mastérisés, ils constituent la matière d’Hello Strange, disque en effet étrange, faux best-of, vrai live acoustique conçu dans l’urgence. « Clore une tournée après un an est parfois éreintant. On est sur des rails, ce n’est plus excitant. Là, on termine par quelque chose de plus créatif. Les délais ont rendu le pari parfois stressant. Mais cela nous a aussi pas mal soudés. On a été obligés d’aller à l’essentiel, de trancher rapidement. » Lionel conclut: « Comme quoi, il suffit d’un petit décalage pour amener un tas de nouvelles choses: des autres chansons, une autre lumière, voire des autres fringues… »

GIRLS IN HAWAII, HELLO STRANGE 7

DISTR: PIAS. EN CONCERT À COURTRAI LE 05/12, HASSELT LE 06/12, ET À BOZAR, BRUXELLES, LE 09/12.

RENCONTRE Laurent Hoebrechts

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