Giant steps

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Incarnation cinématographique du héros aux pectoraux rebondis, Charlton Heston a prêté ses traits aux plus grands de ce monde. Des présidents, des généraux, des génies… Charlton Heston a été Ben-Hur (ça lui a valu l’Oscar du meilleur acteur) et Moïse, le Cid et Michel-Ange, Marc Antoine, le major Dundee et le président Andrew Jackson. Mais son histoire n’est pas que celle d’un physique surexploité par les studios et les réalisateurs. C’est aussi celle d’un mec qui à force de jouer les héros a tenté d’en devenir un.

Le documentaire de Maud Guillaumin -qui s’était déjà penchée sur le cas de Léon Blum (et ses premières ministres), du général MacArthur (Le Shogun blanc) ou encore de Jackie Kennedy (Militante de la première heure)- s’intéresse à toutes les facettes du personnage pour esquisser les contours d’une personnalité complexe et paradoxale. Démobilisé après deux ans dans le Pacifique, Charlton Heston débarque à New York en 1946 pour conquérir Broadway et se retrouve dans le monde balbutiant de la télévision. À Hollywood, il n’arrive pas à faire décoller sa carrière. Jusqu’à ce qu’il croise Cecil B. DeMille qui cherche un jeune gars athlétique pour interpréter le directeur de son cirque dans Sous le plus grand chapiteau du monde. Physique de dieu grec doublé d’un charisme unique, yeux bleus perçants… Les Dix Commandements le font accéder à la célébrité. Biographe, historien du cinéma, auteur et politologue, attaché de presse aident à raconter l’homme et l’acteur. Charlton Heston fut l’un des premiers Blancs célèbres à s’engager dans le mouvement des droits civiques. Il véhiculait l’image de l’homme juste et droit, valeureux. Idéal pour incarner des héros plus grands que nature. Son statut de star lui a en plus permis d’imposer ses vues et de soutenir les blacklistés quitte à mettre en danger son propre avenir. Il n’accepte par exemple de jouer dans La Soif du mal que si Orson Welles le réalise (lui qui n’a alors plus tourné un seul film à Hollywood depuis dix ans et qui n’y tournera plus).

Pourtant, malgré ses combats aux côtés de Martin Luther King et Kennedy, Charlton Heston va finir par incarner l’Américain réactionnaire. Ni pro-guerre, ni pacifiste, il est parti au Viêtnam, s’est enfoncé dans la jungle pour réconforter les troupes qui souffraient et en est revenu changé à jamais. Pour lui, les USA étaient en déliquescence. Alors l’homme passionné et sans demi-mesure est devenu le shérif du pays. Ultra-conservateur, anti-avortement, pro-armes… Portrait d’un acteur parti en guerre contre le Cop Killer de Body Count et devenu le porte-parole de la NRA…

Charlton Heston, la démesure d’un géant

Documentaire de Maud Guillaumin.

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