Générations collapsonautes

Vous reprendrez bien une petite dose d’apocalypse? Du célèbre best-seller du biologiste Jared Diamond, Effondrement (Gallimard, 2004) au manuel à succès de Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle, Une autre fin du monde est possible (Le Seuil, 2018), le discours sur l’écologie s’est dernièrement enrichi d’un sous-genre, qui a reçu le nom grinçant de « collapsologie ». Dans une nouvelle enquête du style dont il a le secret, Yves Citton, aidé pour l’occasion par le jeune chercheur Jacopo Rasmi, est parti à la rencontre des idées et des pratiques attachées à l’idée que l’effondrement du monde serait pour demain -quand il ne serait pas pour aujourd’hui, voire hier. Mais, plutôt qu’abonder dans le sens de tel ou tel camp, de telle ou telle interprétation de ce qu’est la collapsologie, le livre de Citton et Rasmi se veut une boussole de navigation, une boîte à outils intellectuels et politiques pour apprendre à sillonner les mers de la fin sans s’y laisser engloutir. Leur idée centrale n’en est pas moins ferme: devenir « collapsonaute », ce n’est pas surfer sur la vague d’un monde de plus en plus pire, mais travailler à nourrir de nouvelles formes de vie dans un contexte hostile. Atlas tout autant que couteau suisse, soucieux de pluralité face aux discours unilatéraux, il constitue une pause bienvenue au milieu de la course hystérique suscitée par l’apocalypse en cours.

D’Yves Citton et Jacopo Rasmi, éditions Le Seuil, 288 pages.

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