Il a eu la force avec lui. Maintenant, il a la foi. Ewan McGregor incarne le camerlingue dans Anges et Démons, prequel du Da Vinci Code et premier volet de la trilogie Robert Langdon.
Désolé pour Obi-Wan Kenobi et les fans de Star Wars. C’est plutôt Renton, le junkie héroïnomane de Train-spotting que l’on voit quand on croise Ewan McGregor au saut du lit dans une église de Rome un dimanche matin de février. L’acteur écossais sait se mettre à nu. Il est l’un des seuls à avoir interprété de manière répétée des scènes de complète nudité frontale. Si son père saluait avec humour ses attributs et les bienfaits de l’hérédité, plusieurs critiques anglophones avaient à l’époque refusé de commenter les longs métrages dans lesquels il tournait sous prétexte que ces films étaient honteux. Dans Anges et Démons, prequel du Da Vinci Code, le natif de Crieff joue le camerlingue Carlo Ventresca. Paroles d’évangile.
Avez-vous regardé le premier volet avant d’accepter ce rôle? Les critiques assez dures à son sujet ne vous avaient pas refroidi?
Non, je n’avais pas vu le Da Vinci Code. Quand on m’envoie un scénario, je base mon opinion sur ce que je lis. Sur le projet qu’on me propose. Pas sur un autre film. L’histoire m’a fasciné dès que j’ai commencé à tourner les premières pages du script. Mon personnage me semble extrêmement intéressant dans le sens où il est ambigu. Ni tout blanc ni tout noir. Puis, j’avais envie de travailler avec Ron Howard. Nous avions déjà été en pourparlers il y a quelques années. Je ne me souviens plus vraiment du rôle ou du sujet qu’il voulait me confier. De toute façon, ce long métrage, il ne l’avait finalement pas réalisé. Nous nous étions aussi croisés à Londres pendant qu’il bossait sur le Da Vinci Code. J’allais souvent en famille, le dimanche, déjeuner ou dîner dans un restaurant de Piccadilly. On s’y est retrouvé en même temps à plusieurs reprises. Par hasard. On ne s’était jusque-là parlé qu’au téléphone et je suis allé me présenter. Il me parlait du tournage. On s’est lié d’amitié. Il s’agit d’un réalisateur incroyable.
Que vous ont inspiré les réactions virulentes de certains catholiques après la sortie du Da Vinci Code?
Je ne me suis jamais senti vraiment concerné parce que rien dans notre scénario ne prête à controverse. Vous ne trouverez dans Anges et Démons aucune attaque envers les croyances catholiques. C’est un thriller. La traque d’un meurtrier guidée par la découverte d’indices qui permettent de deviner quel cardinal a été pris en otage et s’apprête à être tué. C’est une course contre la montre. Je n’ai jamais eu le sentiment que cette histoire puisse offenser l’Eglise…
Dans le livre de Dan Brown, on peut ressentir le conflit entre la foi et la science. Vous semblent-elles compatibles?
Je ne suis ni une personne religieuse ni un scientifique. Je me situe quelque part entre les deux. Je peux très bien comprendre qu’on soit croyant mais aussi qu’on explique le monde de façon purement rationnelle. Mon personnage se situe à l’extrême droite du monde religieux. Il considère que l’Eglise est trop libérale. Qu’elle se perd en chemin. Que la science prend le dessus. Et que le monde devient dangereux.
Vous avez joué des personnages fort différents allant de l’héroïnomane au G.I. Existe-t-il un type de rôle que vous ne pourriez jamais accepter?
Non. Je n’ai jamais établi une liste de ce que je refuserais comme personnage ou projet. Je suis très ouvert en la matière. Même si je ne jouerais pas un facho dans un film de propagande nazi. Il est difficile de parler de mon personnage dans Anges et Démons sans trop dévoiler l’intrigue du film. Il s’agit d’un mec très complexe et c’est ce que j’aime en lui. Il n’est pas ce dont il a l’air. En 2007 et 2008, j’ai joué Iago dans Othello au théâtre. Et ça m’a beaucoup servi. J’ai appris à incarner quelqu’un dont l’image est trompeuse.
Vous pensez avoir atteint un équilibre dans votre carrière entre les grosses productions et les films indépendants?
Je suis content d’appartenir à ces deux mondes. Je ne vois ni la vie ni mon parcours comme une quête d’équilibre. Je fais ce qui m’intéresse. Ce qui me parle. L’an dernier, je voulais revenir au cinéma après avoir passé pas mal de temps sur les planches. Le théâtre me plaît énormément pour l’interaction avec le public. La réponse immédiate qu’il peut adresser à destination de votre performance. La moindre chose que vous faites et dites est unique. Pour vous comme pour ceux qui vous regardent. Le théâtre vous apprend à jouer. Vous montre ce qui marche bien ou, au contraire, ce qui coince. Sur un tournage, vous avez votre feeling, votre instinct, les impressions du réalisateur mais ça ne remplacera jamais le feed-back direct d’une salle de spectacles.
Entretien Julien Broquet
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici