Fuir l’Eden

© National

Au-delà de Clapham Junction, au sud-ouest de Londres, c’est l’enfer: celui où vivent Adam et sa sœur Lauren, tous deux abandonnés par leur mère, qui n’en pouvait plus des coups de son mari alcoolique. Une vie brutale dans un immeuble brutaliste classé, que les bobos londoniens venus de l’autre côté des rails viennent contempler. Seules les lectures de Claire, sorte de pythie qui a «vu» la vraie nature de ce petit voyou, viennent atténuer l’existence de ces ados désœuvrés. C’est de classe et de leurs différences dont il est question ici, lorsqu’ Adam retient une fille qui, croit-il, tente de se suicider en se jetant sous le train: elle s’ enfuit en lui laissant son sac. Fantasmant à son sujet, Adam cherche alors à retrouver cette créature débarquée d’un autre univers, d’une autre planète que la sienne, située pourtant à deux pas… D’une écriture limpide, au cordeau, Olivier Dorchamps, qui avait déjà épaté avec son premier roman Ceux que je suis, se révèle à nouveau magistral dans sa façon d’habiter son personnage, sa condition, son existence. Un roman qui, plus que d’autres, émeut, notamment dans les scènes de violence domestique et de confessions. Le romancier franco-britannique possède en effet un art anglais du récit et cette faculté pas si fréquente de vivre pleinement d’autres vies que la sienne.

D’Olivier Dorchamps, éditions Finitude, 272 pages.

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