Free jazz et black power

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Entre 1966 et 1969, Ornette Coleman enregistre six albums pour Blue Note qui relèvent tous du chef-d’oeuvre, ou peu s’en faut. Les voici réédités.

Ornette Coleman, qui nous a quittés il y a sept ans à l’âge de 85 ans, est inscrit à jamais au panthéon des plus grands musiciens de l’Histoire du jazz, sinon de l’art musical tout court. Révélé peu après la disparition de Charlie Parker, il deviendra le musicien le plus important de sa génération, celui qui substituera au bebop une musique qu’il baptisera du nom de free jazz -le titre de l’un de ses plus grands albums, dont l’appellation tombera immédiatement dans le domaine public. Disque révolutionnaire, Free Jazz: A Collective Improvisation sera rejeté par une partie des amateurs de la musique afro-américaine mais aussi de la critique la plus conservatrice. L’attitude radicale de Coleman lui permettra fort heureusement de gagner de nouveaux auditeurs, lesquels ne jureront plus que par lui.

Conspué par les uns, donc, mais porté aux nues par les autres, Ornette Coleman n’en survolera pas moins son époque en prenant le contre-pied de ses détracteurs mais aussi de ses admirateurs, notamment lorsqu’il électrifiera ses formations, puis lorsqu’il installera sur le siège du batteur son fils (certes prodige), Denardo Ornette Coleman, alors âgé de… 10 ans! Loin d’être un one shot, Denardo deviendra le batteur de son père et l’accompagnera dans bien d’autres aventures musicales, dont celle de Prime Time, combo électrique qui sera (lui aussi) controversé alors qu’il anticipait, mais en mieux, tout le jazz-rock à venir. Ayant mis au point une méthode à laquelle il soumettra, désormais, toutes ses créations et qu’il appellera Harmolodics, Ornette en fera une philosophie à son seul usage, qu’il appliquera aussi bien à la musique écrite qu’à celle qu’il improvise.

Free jazz et black power

Inimitable

Round Trip, magnifique coffret de 6 LP fabriqué au Japon, certes onéreux (le prix se promène entre 200 et 250 euros), réunit tous les enregistrements du musicien effectués pour le label Blue Note. Y compris l’album signé par Jackie McLean, le splendide New and Old Gospel, où Ornette Coleman ne joue, aux côtés du saxophoniste, que de la seule trompette, instrument qu’il maîtrise à sa manière et qu’il ne cessera dans le futur d’utiliser dans un style que l’on qualifiera « d’inimitable ». Avec At the Golden Circle Stockholm, Vol.1 & 2, captés en public, Ornette se fait entendre au saxophone alto, à la trompette et, nouveauté, au violon, ce qui ne manquera pas à nouveau de diviser son public et lui permettra, si l’on peut dire, de retrouver ses fidèles détracteurs.

Ornette Coleman

« Round Trip – Ornette Coleman on Blue Note »

BOO33607-01 Universal Distribution.

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