A bout de souffle, la lucarne magique? Les indices d’une carence en fer se multiplient en tout cas. La télé-réalité peine à trouver un nouveau souffle – ce qui n’empêche pas une mauvaise haleine, avec des concepts toujours plus scabreux et humiliants, comme cette émission japonaise où le candidat est assigné à domicile avec interdiction de sortir ses ordures… Même les séries, béquille de luxe du petit écran ces dernières années, semblent entamer une – longue? – traversée du désert. Au dernier Mip cannois, le salon où l’on cause télé du matin au soir, la pêche aux bonnes affaires a tourné court. Pas une seule série américaine juteuse comme une tomate charnue à l’horizon. A peine quelques tomates cerises comme True Blood ou How to make it in America, l’histoire de deux jeunes entrepreneurs bien décidés à croquer la Grosse Pomme. Des cheveux blancs en perspective pour les acheteurs, autrement dit les chaînes, qui vont vite manquer de cartouches. Explication: la crise ma p’tite dame! Depuis la fameuse grève au finish des scénaristes l’an passé, l’audience des grands networks US (ABC, CBS, etc.) a subi une sévère correction. Du coup, la manne publicitaire a fondu comme banquise exposée au dérèglement climatique. L’argent s’est donc raréfié. Tout comme le nombre de projets mis en chantier. Voilà le résultat: la télévision a le moral aussi flat que les écrans derniers cris. Et ce n’est pas la concurrence endiablée du Net, aspirateur à minets et minettes, qui va arranger ses bidons. Même le Prozac des émissions poudres aux yeux (Frères Taloche, Plus grand cabaret et autres sucreries du samedi soir) n’arrive plus à masquer la faille. Les chaînes sont aux abois. La preuve, on ressort en se pinçant le nez les vieilles recettes comme les caméras cachées. Ou alors on épice la soupe pour cacher qu’elle n’a pas de goût: ici un docu-soap avec des enfants livrés à eux-mêmes ( Boys and girls alone en Grande-Bretagne), là un divertissement où des phobiques en tous genres affrontent leurs pires cauchemars ( La Caja en Espagne). Tomber sept fois, se relever huit, résumait Philippe Labro pour évoquer son calvaire dans les limbes de la dépression. La télévision devrait s’en inspirer si elle veut sortir plus ou moins indemne de la zone de turbulences. Première étape: parier sur l’intelligence des téléspectateurs. On répète en choeur: parier…

Par Laurent Raphaël

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