Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Défense et illustration du Wu Xia Pan, film de sabre chinois, avec quelques rééditions majeures dont la célèbre trilogie créée par Tsui Hark.

Swordsman de King Hu et Tsui Hark. Avec Sam Hui, Jacky Cheung, Cecilia Yip. 1 h 53. Images & Visions.

Swordsman 2 (La Légende d’un guerrier) de Ching Siu-tung. Avec Jet Li, Lin Ching-hsia, Michelle Lee. 1 h 45.

Swordsman 3 de Ching Siu-tung et Raymond Lee. Avec Lin Ching-hsia, Joey Wong. 1 h 34.

The Restless de Cho Dong-ho. Avec Jung Woo-sung, Kim Tae-hee, Hur Joon-ho. 1 h 42. melimedias.Au Japon, c’est le « Chanbara ». En Chine, on parle de Wu Xia Pan. Le mot japonais vient de l’onomatopée exprimant le son des sabres de samouraïs s’entrechoquant. L’expression chinoise désigne un spectacle centré sur les combats au sabre. Le cinéma nippon fut le premier à cultiver cet art martial dont Takeshi Kitano et son Zatoichi (2003) a encore récemment illustré la richesse. Le cinéma chinois, de Hong Kong surtout, l’a suivi en développant une esthétique particulière, dont la trilogie du Swordsman porta haut la bannière au début des années 90. Un fort et beau coffret de trois DVD fait aujourd’hui honneur à cet ensemble dont le réalisateur et producteur Tsui Hark fut l’initiateur. Depuis les années 60, le génial King Hu avait posé les bases formellement superbes du genre, avec notamment son chef-d’£uvre A Touch Of Zen. L’avènement du kung-fu, durant la décennie suivante, imposa un rythme plus soutenu, notamment sous l’influence du réalisateur Ching Siu-tung ( Duel To The Death). Quand le prolifique Tsui Hark décida de relancer un Wu Xia Pan auquel la concurrence du polar avait abondamment nuit dans les années 80, c’est d’abord vers le vétéran King Hu (alors âgé de 60 ans) qu’il se tourna pour coréaliser avec lui le premier Swordsman. Et devant l’insuccès relatif de cette première tentative, c’est à Ching Siu-tung qu’il fit appel pour réaliser une suite qui, elle, cartonna spectaculairement.

L’idée forte de la série est d’intégrer des scènes d’arts martiaux soigneusement chorégraphiés dans une atmos-phère fantastique, inspirée des histoires de fantômes issues de la culture populaire chinoise. Le héros, Ling Wu Chung, est un jeune maître d’arme et musicien, dont la saga va consister en une suite d’épreuves aux accents guerriers mais aussi surnaturels. Ainsi du premier film, où il est question d’un parchemin magique, le « Canon du tournesol », qui contient la formule secrète menant au pouvoir martial absolu. Le héros se verra confronté, autour de cet objet très convoité, à la police secrète, à des sectes fanatiques, et même à… un samouraï venu du Japon!

De savoureuses variations

Dans le désormais classique Swordsman 2 (La Légende d’un guerrier), Ling Wu Chung sera opposé à un ennemi d’autant plus redoutable qu’il a entrepris de… changer de sexe, afin de conquérir la puissance du « Canon du tournesol ». Ce film révèle un jeune interprète nommé Jet Li, qui va devenir la star que l’on sait. Faisant fi de la (très belle) mise en scène « à l’ancienne » du premier film, cet épisode haletant installe le genre dans une modernité que le troisième volet de la trilogie pourra ensuite décliner en savoureuses variations. Un remarquable report digital rend justice à un ensemble qu’accompagne un superbe livret cartonné. A voir pour comprendre, entre autres, la fascination qu’a pu ressentir le Quentin Tarantino de Kill Bill.

Un autre DVD, coréen, lui, démontre que le genre est encore bien vivant en Asie. The Restless (2006) expose des qualités formelles qui en font un régal pour l’£il même le moins averti des codes du Wu Xia Pan…

Louis Danvers

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