Fellini dans ses ouvres – Exposé à Paris, le maestro est aussi l’objet d’une exceptionnelle actualité DVD, avec la parution d’archives monumentales et la ressortie de quatre de ses films.

(1) 2 DVD de 3 h 20 et 4 h 04. Dist: Twin Pics.

(2) 4 films de Federico Fellini, disponibles à l’unité. Dist: Twin Pics.

Un bonheur venant rarement seul, l’exposition Fellini, la grande parade, qu’accueille le Musée du Jeu de Paume à Paris (page 22), trouve un prolongement judicieux sur DVD, avec la sortie de Fellini au travail, double disque rassemblant plus de 7 heures de documents de premier choix relatifs au cinéaste. A quoi s’ajoute la possibilité de redécouvrir son £uvre à travers quatre films passionnants, réédités pour l’occasion.

Réunissant des archives venues d’horizons divers, Fellini au travail constitue une immersion sans équivalent dans l’univers du cinéaste. Bloc-notes d’un cinéaste, film inédit et autoportrait imaginaire où l’on découvre les décors imaginés pour Le voyage de Mastorna, un projet avorté, comme un amusant chassé-croisé avec Marcello Mastroianni; Le Journal secret d’Amarcord, réalisé par ses assistants Liliana Betti et Maurizio Mein; E il Casanova di Fellini?, ou le mythe envisagé par 5 comédiens – Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Alain Cuny et Alberto Sordi – dont aucun ne sera finalement retenu, Fellini leur préférant Donald Sutherland: il y a là quantité de documents inestimables, à la rencontre du cinéaste et du mythe, que prolongent d’autres archives, comme ces rares publicités réalisées dans le courant des années 80.

La pièce de résistance de cette anthologie captivante s’intitule toutefois sobrement Fellini, et consiste en quatre émissions réalisées par André Delvaux pour la RTB, quelques mois après la sortie de La Dolce Vita en 1960. Interrogé par Dominique Delouche, l’un de ses assistants, Fellini s’y livre pendant plus de deux heures, évoquant successivement son enfance et ses débuts, ses premiers films, ses films avec Giulietta Masina et, enfin, La Dolce Vita et le néo-réalisme. Format de l’entretien, qualité des intervenants (les scénaristes Tullio Pinelli et Cesare Zavattini, l’écrivain Alberto Moravia, de nombreux acteurs…) et de leurs réflexions, éclat de la « confession », il y a, dans ces émissions, quelque chose d’à la fois miraculeux, et d’irréel – comme l’écho, d’un temps, lointain, où la télévision publique produisait de tels programmes.

Nécessité impérieuse

« Faire un film est une façon de me réaliser et de donner un sens à ma vie », y explique notamment Fellini. Les quatre films que l’on peut redécouvrir par ailleurs attestent du caractère impérieux de l’entreprise comme de la singularité du cinéma du Maestro. Un auteur à l’imaginaire ondoyant d’une Anita Ekberg émergeant, toutes formes magnifiées, d’une publicité pour le lait ( Boccaccio’70), à une vision pathétique de Casanova; un cinéaste dont l’£uvre, sous son extravagance et sa propension à la caricature, n’en finit plus d’explorer l’âme humaine – de Il Bidone, comédie de m£urs plus tragique que grinçante en définitive, au destin trouble de Juliette des esprits, et son échappée onirique du carcan étriqué de la petite bourgeoisie…

Jean-François Pluijgers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content