Trouble # 4 explore la performance. Un festival qui joue à saute-mouton avec les frontières. Toutes les frontières: géographiques, physiques, mentales, sexuelles…

Grâce au Net, la performance artistique n’a jamais été aussi populaire. Dans tous les sens du terme. Les « freezings » qui déferlent sur le monde et qui ont paralysé Bruxelles dernièrement – et aussi un peu agacé (les groupes anti-freeze pullulent sur Facebook, par exemple) -, c’est une forme de performance. Le mouvement US Improve Everywhere (1) dont les £uvres créent le buzz sur YouTube (comme cette hilarante comédie musicale dans un fast-food à partir de la question « Puis-je avoir une serviette? »), c’est aussi de la performance. Un genre artistique éphémère, qui échappe aux définitions en mêlant des éléments piochés çà et là dans tous les domaines de la création: théâtre, danse,…

Trouble # 4, quatrième volet d’un festival initié en 2004 depuis les Halles de Schaerbeek explore les différentes facettes d’une discipline forcément protéiforme. « Le terme performance effraie sans doute davantage les journalistes et les programmateurs que le public, sourit le fondateur et programmateur de Trouble, Antoine Pickels. La performance est souvent plus accessible que des formes culturelles classiques où l’on a besoin de repères et d’un certain bagage. Elle dépasse tout ça et s’en défait. »

Il nous dévoile quatre moments forts de son festival. En restant volontairement sibyllin, histoire de ne pas déflorer les propos. Du beau et de l’étrange.

(1) http://improveverywhere.com/2008/03/09/food-court-musical/

PUPILIJA, PAPA PUPILO & THE PUPILCEKS – RECONSTRUCTION

de Janez Jansa (alias Emil Hrvatin) & Maska (Slovénie) le 22/04, au Bozar, 20 h 30

Dix artistes et dix poulets (!) relisent un moment culte de la culture slovène. Un spectacle qui mélange l’impro, la danse, le body art… Et qui le faisait dès sa création, en 69. « En Belgique, à l’époque, on n’était pas aussi pointu, aussi contemporain. Dans cette version, des actes reproduits à l’identique prennent une signification différente. On n’a pas le même rapport au corps, à l’image (…) que dans les années 60. »

CLOSE TO THE BONE

de Steven Cohen le 25/04, aux Halles de Schaerbeek, 20 h 30

Un Sud-Africain blanc, juif et homosexuel. « Il était déjà venu à Trouble il y a deux ans. Les gens qui l’avaient vu le premier soir sont venus tous les suivants pour voir la suite. Il a un travail risqué: parfois physiquement, et toujours au niveau de l’engagement moral. » Une pièce sur la commercialisation de la mort, un hommage à son frère qui s’est suicidé. Ses outils: sa caméra, son corps, son maquillage…

LAUGHING HOLE

de La Ribot le 26/04, aux Halles de Schaerbeek, 18 h

« C’est une artiste très importante. Etonnamment, elle n’a jamais joué en Belgique, alors qu’à Londres, elle est à la Tate Modern. » La Madrilène propose une performance de cinq heures (« pendant lesquelles on peut entrer, sortir, revenir… »), portée par trois artistes, et des milliers de gestes pour construire une accumulation de mots et de carton. Et soulignée par un rire permanent, paroxystique, au bord des larmes.

PRESENTATION

de Siu Lan Ko le 27/04, aux Halles de Schaerbeek, 19 h

Une performance d’une artiste chinoise vivant à Hong Kong, et qui résonne particulièrement dans le contexte actuel: c’est une pièce sur le Tibet. « Pas didactique, plutôt un acte. » La question est abordée via des faits économiques, écologiques, politiques, la prière traditionnelle… Elle implique l’intervention de spectateurs , « pour une question de vie ou de mort ». « En dire plus, conclut Antoine Pickels, ce serait trop… »

u Trouble # 4: du 22 au 27/04. Aux Halles de Schaerbeek, à Bozar, à La Bellone, aux Bains: Connective, dans les rues de la capitale…

u www.halles.be

TEXTE MYRIAM LEROY

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