La fièvre Facebook commence déjà à retomber. Pourquoi et comment faire ses adieux?

Cette semaine, c’est décidé. Je vais me Facebook suicider. Marre des photos compromettantes qui surgissent de nulle part. Plein le dos des invitations professionnelles au concert de machin, au vernissage de truc et à la conférence de bidule.  » Fils, choisis bien tes amis« , disaient mes parents quand j’étais gamin. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais leur donner tort. Et pourquoi ne pas demander aux maîtres du 7e art d’orchestrer nos déboires et adieux au site communautaire…

Pedro Almodovar. Des potes rencontrés lors du carnaval de Barcelone m’ont pris en photo, mort bourré la jupe courte et le talon haut. Les imbéciles m’ont tagué sur Facebook. Depuis, tout le monde pense que je suis un travelo, une reine de la nuit… J’ai reçu 10 000 demandes d’ajout à une liste d’amis. Je viens de rencontrer Priscilla, Folle du désert. Je joue le jeu. Fais mon coming-out. Me rallie à la cause des Femmes qui en ont… Et puis me tire avant que ma chère et tendre repère l’affaire.

Woody Allen. Pensant répondre au message personnel d’un proche, je m’épanche sur une situation sentimentale et professionnelle vacillante. Les déboires avec ma femme, la nullité de mon patron et le sex appeal d’une collègue. Fausse man£uvre. Tous mes « amis » en profitent. Je perds mon boulot. A la maison, j’ai l’image, plus le son. Cela sent méchamment la séparation. J’ai balancé l’ordi par la fenêtre de mon penthouse new-yorkais et j’ai amoché la bagnole de collection garée en bas de chez moi. Marre du progrès.

Luc et Jean-Pierre Dardenne. J’habite Clabecq. Je n’ai pas les moyens de me payer l’abonnement Belgacom. Je surfe grâce à la connexion du voisin. Ça rame. Comme moi dans la vie. Pour la énième fois, le « chat » de Facebook vient de planter. Je suis coupé dans ma conversation avec une vague connaissance, recruteur d’une briqueterie de la région en quête de personnel. De toute façon aujourd’hui, Facebook, c’est fini.A côté, ils ont sécurisé leur ordinateur.

Claude Lelouch. Depuis quelques jours, j’ai changé mon profil. Je suis célibataire. Chacun y va de son commentaire. Tout le monde s’en mêle. Ses parents. Sa meilleure amie qu’elle n’a plus vu depuis 10 ans. Même la voisine et le fils de l’épicier.  » Et qu’est-ce qui s’est passé? Vous alliez si bien ensemble. ça marchait plus au lit? » Tout ça pour ça. J’écris une longue lettre d’adieu dans le genre tirade de Fabrice Luchini.  » Facebook est vil et vain. Un condensé de solitude. Un leurre social. C’est é-nor-me. »

Alfred Hitchcock. Ça me fait flipper. Un type m’a contacté il y a deux semaines. Je ne sais pas de qui il s’agit. Il a délibérément oublié de mettre une photo sur son profil mais je suis curieux. J’ai accepté son « amitié ». Depuis, j’ai l’impression qu’il m’observe. Qu’il va voir mes photos tous les jours. Alors, à mon tour, je le traque. Je ne décroche plus. Je vais me coucher à 4 heures et me suis chopé un ulcère et des vertiges. Je viens de me désinscrire. J’ai arrêté de travailler. Les volets sont baissés. Je ne sors plus de chez moi.

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