ENTOURÉ PAR LES FLAMING LIPS, WHITE FENCE OU ENCORE OF MONTREAL, FOXYGEN S’INVENTE UN DOUBLE, FABRIQUE UN PUZZLE PSYCHÉDÉLIQUE ET SE FEND D’UNE ODYSSÉE SCHIZOPHRÈNE EN TECHNICOLOR. MAGIC KIDS.

« There’s no need to be an asshole. You’re not in Brooklyn anymore… » Alors que Sam France et Jonathan Rado débarquent à Bruxelles pour causer de leur nouvel album (… And Star Power), des paroles du précédent, le formidable We Are the 21st Century Ambassadors of Peace and Magic, remontent à l’esprit. Loin de la froideur, des barbes et des attitudes hipsters new-yorkaises, les deux Foxygen accueillent avec le sourire et la relax attitude de la côte Ouest.

Poil hirsute et look vaguement glam, Jonathan habite dans la San Fernando Valley, à 20 minutes de Los Angeles. « Valley Girl et California Man ont été tournés près de chez moi, glisse-t-il. Si tu veux un autre genre de références, c’est aussi le cas de Magnolia, de Boogie Nights et d’une bonne partie de Pulp Fiction.C’est un quartier uncool. Pas loin du tout de là où on a grandi. » Le cheveu long et blond, bâti comme un spéculoos de compétition, France crèche d’ailleurs toujours chez ses parents. « Dans le bled où on vivait, tout le monde pensait qu’il allait devenir une star de cinéma, raconte-t-il. Ou à tout le moins réalisateur. Jonathan a d’ailleurs écrit pas mal de scénarios. » « On a même tourné des petits films qu’il est malheureusement possible de trouver sur Internet en cherchant bien. L’un d’entre eux s’appelle The Legend of Colonel Bedlum and the Salty Biscuits.Tu as vu Dig? Dans le genre.  »

Jonathan a finalement préféré la guitare à la caméra et le rock au cinéma. « C’est le plaisir d’enregistrer, de travailler le son ensemble qui nous a poussés à créer ce groupe. Au début, on faisait du Doors. Puis, on a découvert les Flaming Lips, Beck, le Brian Jonestown Massacre et on s’est mis à fouiller dans le passé. » Foxygen a un faible, et il ne s’en cache pas, pour le psychédélisme, dont il a une définition toute personnelle. « Pour nous, c’est quelque chose qui renvoie aux rêves et aux émotions. Quelque chose de surréaliste et de bizarre. Une phrase étrange sortie du Blonde on Blonde de Bob Dylan… Ça ne se limite pas à des pédales d’effet. En fait, quand je pense au psychédélisme, je vois la tête de Wayne Coyne. »

Les Flaming Lips. Leur héros. « Dès qu’on les a entendus, on les a aimés. La première chose sur laquelle on a dû jeter l’oreille, ça devait être Do You Realize??… On s’est vraiment noyés dans The Soft Bulletin. Puis en remontant le temps dans Clouds Taste Metallic. »

Wayne Coyne et Steven Drozd sont d’ailleurs passés mettre leur petit grain de sel sur un extrait du névrosé … And Star Power. Comme Carson Mell, leur pote réalisateur de la websérie Tarantula, les jojos d’Of Montreal, Bleached et Tim « White Fence » Presley… « Il avait déjà participé à mon album solo, explique Jonathan Rado. Je l’ai rencontré à un de ses concerts. C’est un mec super accessible. Nous ne sommes pas de la même génération mais on est assez similaires. On aime tous les deux le Dr Pepper. »

Foxygen ne s’est jamais considéré et ne se considère d’ailleurs toujours pas vraiment comme un groupe de Los Angeles. Il n’en a pas moins donné l’un de ses premiers concerts sur Sunset au Whisky a Go Go. « On avait quinze ans et il était déjà devenu ce club touristique où tu dois payer pour jouer, se souvient Rado. Le deal, c’est que tu débourses 500 dollars et que tu empoches les entrées. »

La photo encadrée sur la pochette d’… And Star Power, qui pourrait vous rappeler le Somewhere de Sofia Coppola, a été tirée non loin de là. Elle a été prise au Château Marmont où la fille de Francis Ford a tourné son film et où Sam France et Jonathan Rado ont enregistré un bout de leur disque. Un endroit qui évoquait chez eux l’obscurité, Led Zep, la mort de John Belushi… « L’atmosphère y est assez particulière. Il s’y est passé tellement de choses. On a essentiellement bossé dans mon garage. Mais on y a loué une piaule pour enregistrer des voix. Ce qu’on a aussi fait au Beverly Hills Hotel avec son côté plus flamboyant à la David Bowie. »

Foxygen s’est fait plaisir et a abattu la carte du format long… « On voulait dès le début enregistrer un double album. Un disque qui nous offre la possibilité d’expérimenter et de laisser libre cours à notre imagination. Une plaque qui nous permette d’exposer différentes facettes de nous-mêmes. Star Power est ainsi en quelque sorte notre double sauvage… C’était en plus logique et approprié dans notre esprit de faire suivre huit petites chansons par une oeuvre opulente. »

Vingt-quatre morceaux divisés en quatre faces et chapitres. The Hits & Star Power Suite, The Paranoid Side, Scream: A Journey Through Hell et Hang On To Love… « La deuxième est censée parler de la peur des aliens. J’ai toujours eu une étrange fascination à leur égard, avoue Sam France. Je pense que ça relève simplement de l’angoisse de l’inconnu qui se manifeste chez chacun d’entre nous. On a tous un petit côté parano. Un voyage en enfer? Une relation amoureuse foireuse. J’en ai vécu une et elle se reflète dans le disque je pense. » « Pour moi, c’est une journée à Las Vegas« , conclut son comparse. Surprenant pour un groupe aussi joueur…

LE 03/11 À L’ORANGERIE (BOTANIQUE).

RENCONTRE Julien Broquet

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