Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

FILM À CLÉ – UN GAMIN SURDOUÉ PORTE LE DEUIL DU 11 SEPTEMBRE DANS UN FILM SENTIMENTAL ET TOUFFU, FORT BIEN INTERPRÉTÉ MAIS AUX INTENTIONS SOUVENT SOULIGNÉES À GROS TRAIT.

DE STEPHEN DALDRY. AVEC TOM HANKS, THOMAS HORN, SANDRA BULLOCK. 2 H 09. SORTIE: 29/02.

Il faut un certain courage pour s’embarquer dans un film hollywoodien sur les attentats du 11 septembre et le choc causé par la sanglante entreprise de Ben Laden et de ses sbires délirants. Oliver Stone s’était ridiculisé avec un World Trade Center hypertrophié, grotesque, ne valant que par son début ultraréaliste. Stephen Daldry ne verse pas dans la même outrance, les mêmes maladresses. Quoique le générique initial, montrant au ralenti la chute dans le vide d’un Tom Hanks à quelques secondes d’une mort terrible, peut en nourrir la crainte… Le réalisateur de Billy Elliot et The Hours fait preuve de sa sensibilité habituelle pour l’univers de l’enfance en nous exposant la relation très spéciale et complice du jeune héros de son film, Oskar, 11 ans, avec un papa (Hanks, donc) que le sort enverra malheureusement à une réunion dans une des tours fatales. Il ne restera bientôt au gamin que quelques messages laissés sur le répondeur familial par un paternel essayant de masquer son affolement pour rassurer les siens. Quelques messages et une clé, retrouvée par Oskar dans les affaires du disparu, après un simulacre d’enterrement autour d’un cercueil vide. Le garçon voudra en percer le mystère en entreprenant de contacter tous les New-Yorkais portant le nom Black, inscrit sur l’enveloppe contenant la clé…

Thomas Horn est fascinant dans le personnage d’Oskar, et représente l’atout principal d’un film où Max von Sydow tient un rôle qu’on ne saurait qualifier de secondaire (même s’il n’intervient qu’après une petite heure de récit!) et qui lui vaut une nomination à… l’Oscar. D’un scénario adapté du roman éponyme de Jonathan Safran Foer, et qui fait penser à celui de HugoCabret de Scorsese, Stephen Daldry fait un spectacle dont la logique narrative échappe au domaine du crédible, poussant Extremely Loud And Incredibly Close vers la dimension d’une fable contemporaine. Le film affiche rapidement une surcharge sentimentale, que la musique omniprésente d’Alexandre Desplat alourdit encore, comme dans un souci de ne pas laisser le spectateur ressentir et penser par lui-même. Les qualités réelles de l’entreprise s’effaçant malheureusement derrière cette stratégie étouffante.

LOUIS DANVERS

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