Être Cary Grant

Qui était Cary Grant, incarnation définitive de l’idéal masculin dans une succession de comédies hollywoodiennes de haut vol avant de briller devant la caméra d’Alfred Hitchcock? C’est à cette question que tente de répondre Martine Reid dans Être Cary Grant, brillant essai biographique où l’autrice se met en quête de l’individu au-delà du mythe, attendu que  » la tension entre ce qui est visible (son image au cinéma) et ce qui se dérobe en partie à la compréhension (les événements de sa vie, les raisons de son comportement) apparaît constitutive de ce qu’il est (…). C’est dans ce va-et-vient entre les faits, supposément vrais, et les images, nécessairement fabriquées, que l’identité de Cary Grant doit être saisie. » S’ensuit un ouvrage passionnant, démêlant les fils de l’histoire d’Archibald Leach, né en 1904 à Bristol dans une famille dysfonctionnelle, puis engagé, en 1932, par la Paramount. Et promptement rebaptisé Cary Grant  » pour incarner un type, moitié clown, moitié héros sentimental, dont le public de cinéma est alors particulièrement friand« , première étape de la fabrication d’un mythe que le studio polira par la suite, entretenant  » la fiction d’un Cary Grant hétérosexuel » . La mue opère au-delà de toute espérance, l’acteur régnant sur la comédie hollywoodienne, celle du mariage notamment qu’il rejoue aussi inlassablement à la ville, où on lui prête une personnalité tourmentée. Et l’autrice d’explorer le « leurre » de son existence, nature double dont Hitchcock saura faire un usage magistral dans les quatre films qu’ils tourneront ensemble, et dont North by Northwest constituerait l’expression ultime, réalité et illusion se confondant.

ESSAI De Martine Reid. Éditions Gallimard, 160 pages.

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