SITUÉE AUX CONFINS DE LA CALIFORNIE ET DU NEVADA, LA VALLÉE DE LA MORT A LARGEMENT CONTRIBUÉ À LA MYTHOLOGIE DU CINÉMA. EXTRAITS.

« Un cadre comme celui de la Vallée de la Mort est très nourrissant. Ce type de lieu vous montre que vous n’êtes pas, et ne serez jamais, le patron, parce que les décors dictent leur propre temporalité. L’impact climatique fait que vous avancez à leur rythme: on est dans le désert, et on le subit. Soit on l’accepte, soit on lutte contre, tout en étant sûr de perdre. Nous avons donc essayé d’apprivoiser ce décor, et d’en profiter le mieux possible afin d’avoir des résonances intimes très fortes avec lui. » Située aux confins de la Californie et du Nevada, la Vallée de la Mort a inspiré nombre de cinéastes avant que Guillaume Nicloux n’y plante sa caméra pour Valley of Love, dont sa touffeur imprègne chaque plan et jusqu’à l’âme des protagonistes.

Avec ce film, le réalisateur français s’inscrit dans une lignée déjà longue, remontant à l’époque du muet, puisque le désert, dans sa remarquable blancheur, offrait, au milieu des années 20, son cadre au dénouement tragique de Greed (Les Rapaces), le chef-d’oeuvre d’Erich von Stroheim. Dans la foulée, nombre de films allaient s’inscrire dans le paysage désolé et écrasant de Death Valley, et parmi eux, forcément, une volée de westerns: John Ford fera une infidélité à Monument Valley pour y tourner Three Godfathers (Le Fils du désert); John Sturges l’adoptera comme cadre de plusieurs de ses films, de The Walking Hills à Escape from Fort Bravo; Henry King pour The Gunfighter, ou Richard Brooks pour The Professionals; et c’est là que William Wellman situera le splendide Yellow Sky (La Ville abandonnée), opposant Gregory Peck et Richard Widmark, à qui la contemplation de l’étendue désertique arrachera une sentence aussi laconique que définitive: « Même les serpents à sonnettes n’y survivraient pas… »

De la SF au Nouvel Hollywood

Et pour cause, les pics de chaleur enregistrés du côté de Furnace Creek ou autre Mosaic Canyon en font un lieu éprouvant, motif que le cinéma saura exploiter jusqu’à épuisement définitif. Au passage, la diversité de paysages de la Vallée, et sa capacité à se substituer à des environnements inhospitaliers divers, en ont aussi fait l’écrin tout désigné de films de genres, et notamment de science-fiction, avec les Rocketship X-M de Kurt Neumann, Them! de Gordon Douglas, ou autre Robin Crusoe on Mars de Byron Haskin, voire encore d’aventures africaines en Technicolor: ainsi de The King Solomon’s Mines de Compton Bennett et Andrew Marton, avec la paire composée de Deborah Kerr et Stewart Granger. Et, tant qu’à faire, jusqu’à l’ouver- ture de Spartacus, le péplum à la commande duquel Stanley Kubrick relayerait bientôt Anthony Mann…

Et puisque le site est puissamment évocateur, le Nouvel Hollywood s’y arrêtera également: Dennis Hopper pour une scène de Easy Rider, Richard Sarafian pour des plans de The Vanishing Point. Michelangelo Antonioni, pour sa part, y inscrira jusqu’au titre de son Zabriskie Point, à quoi répondra, une bonne trentaine d’années plus tard, une autre aventure existentielle, le Gerry de Gus Van Sant. Entre-temps, George Lucas allait y tourner de nombreuses scènes de la saga Star Wars, la Vallée de la Mort offrant notamment ses reliefs à la planète Tatooine. Manière, aussi, de définitivement inscrire Death Valley au confluent d’innombrables mythologies de cinéma…

J.F. PL.

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