L’album est sorti. Le film va suivre. Avec God Help The Girl, Stuart Murdoch (Belle and Sebastian) s’attaque à la comédie musicale.

L’ambition est un rêve avec un moteur à injection.  » Elvis avait tout compris. Dans l’industrie du disque comme dans la vie de tous les jours, les grands desseins, quand on s’en donne les moyens, sont souvent les esquisses de nos chefs-d’£uvre. A tout le moins les croquis de nos plus belles satisfactions.

Cela fait déjà un bout de temps que Stuart Murdoch, la tête pensante (et la langue bien pendue) de Belle and Sebastian, s’est mis dans la caboche de réaliser une comédie musicale. En attendant le début du tournage, prévu pour 2010, le petit Ecossais a sorti il y a quelques semaines sa bande originale enregistrée avec une poignée de chanteuses et un orchestre d’une petite cinquantaine de musiciens. God Help The Girl, c’est l’histoire d’Eve, une fille paumée tourmentée par le passage à l’âge adulte, la quête de l’amour, l’attente du prince charmant.

Comment a germé ce projet complètement fou?

« J’ai fait un drôle de rêve. Il vous est sans doute déjà arrivé de vous imaginer en train de courir sur place. De vous démener mais de ne pas parvenir à avancer. Et bien moi, dans ce songe, je chantais faux. Je jouais du piano au ralenti. Bling, blang… Pas une seule bonne note ne s’échappait. Une fille levait son bras dans la salle. Puis montait sur scène interpréter une chanson renversante. Ca m’a aidé à comprendre où je devais aller. Une espèce de radio imaginaire s’est mise en route dans mon subconscient. J’ai d’abord voulu me diriger vers un album de Girl Group mais je me suis rendu compte en écrivant que le même personnage, la même voix, revenaient incessamment. Je me suis dès lors décidé à lier les morceaux avec un scénario. »

Les filles, le grand orchestre… Vous êtes fan de Phil Spector?

« J’aime bien son travail mais je préfère quand il s’exprime à travers la musique que quand il fait parler son flingue. En mai dernier, ma mère a lu un article sur Gold Help The Girl dans lequel un journaliste écrivait que je suivais les traces de Spector. Pas de chance. Il faisait la une du même journal. Et venait d’être jeté en prison pour meurtre au second degré sans préméditation. ça l’a un peu effrayée. »

En même temps, vous avez attaché Catherine Ireton, la chanteuse principale de God Help the Girl, à des rails de chemin de fer…

« C’était pour une pochette de Belle and Sebastian. Celle du single White Collar Boy. J’utilise toujours des femmes pour mes covers. Au début je m’en voulais. Mais mon bassiste me réconforte en affirmant que ça multiplie nos ventes par dix. Quoi qu’il en soit, Catherine avait accepté de se laisser menotter à la voie ferrée. Malheureusement, nous avons rencontré quelques petits problèmes avec les clés et nous avons donc appelé les pompiers. Ils ont débarqué à six accompagnés de deux policiers. J’avais demandé à ma femme, qui prenait les photos, de ne pas dire qu’on était musiciens. Mais à peine arrivés, un flic me questionnait. Vous êtes dans Belle and Sebastian?… Enfin bref, Catherine n’a auditionné que plus tard pour God Help the Girl. Je ne l’ai pas forcée. Aucun lien de cause à effet. »

Comment se présente le long métrage?

« Je vois les chansons comme des scènes du film. Elles en constituent en quelque sorte les fondations. Mais je ne sais pas combien resteront. J’ai écrit une première version du scénario et j’ai rencontré un producteur prêt à m’aider. Nous avons estimé qu’il fallait l’aménager. L’améliorer. Développer l’histoire avec plus de ressorts dramatiques. Dans le temps, quand j’étais gamin, j’écoutais énormément de musique mais lorsque j’ai commencé à écrire, à composer, je me suis calmé et me suis mis à regarder beaucoup de films. Quand je me suis lancé sur le scénario de God Help the Girl, j’ai revu toutes ces comédies américaines merdiques des années 80: Rose bonbon ( Pretty in pink), The Breakfast Club… Je me suis dit que ça ne pouvait pas être mauvais pour apprendre comment structurer un long métrage. Mais à mon avis, c’était juste de la nostalgie. Plus sérieusement, j’ai lu Le Nouvel Hollywood ( Easy Rider, Raging Bull) qui évoque l’usine à rêves entre 1968 et 1980. Cette période où le système s’effondrait et où les jeunes réalisateurs étaient réellement en charge de leurs films et pouvaient faire ce que bon leur semblait. C’est plutôt vivifiant… »

God Help The Girl, chez Rough Trade.

www.myspace.com/pleasegodhelpthegirl

Entretien Julien Broquet, à Amsterdam

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