Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Espion malgré lui – Guillaume Canet est entraîné dans une sombre et dangereuse affaire d’espionnage au fil d’un thriller mélancolique et captivant, entre France, Angleterre et Proche-Orient.

De Nicolas Saada. Avec Guillaume Canet, Géraldine Pailhas, Stephen Rea. 1 h 39. Sortie: 04/03.

Comme ils en ont pris la mauvaise habitude, Vincent et Gérard, bagagistes dans un grand aéroport parisien, fouillent dans des valises en transit pour y chaparder l’un ou l’autre objet de valeur. Un bagage diplomatique attire l’attention de Gérard, qui en extrait un flacon d’eau de toilette et l’ouvre pour en tester la senteur. Hélas, il ne s’agit pas de parfum mais d’un mystérieux produit qui brûle et tue l’imprudent voleur… L’accident vaut à Vincent, obligé de reconnaître les vols, d’être licencié sur le champ. Peu après, le jeune homme se retrouve embarqué par des agents de la DST qui lui proposent le marché suivant: ils lui éviteront d’aller en prison, pour autant qu’il les aide à retrouver les propriétaires du sac piégé, dont un diplomate syrien qui l’avait récupéré sous les yeux de Vincent….

Ainsi commence, sur un mode à la fois clinique, réaliste et haletant, le premier long métrage de Nicolas Saada. Ex-responsable des fictions sur ARTE, critique aux Cahiers du Cinéma et à Radio Nova, scénariste surtout de Pierre Salvadori et Arnaud Desplechin, ce passionné du film de genre ne manque pas de rendre hommage à quelques grands comme Hitchcock, Preminger ou Argento. Mais s’il connaît ses gammes, il n’en manque pas pour autant de personnalité. C’est avec une belle précision, une fluidité exemplaire, qu’il nous fait suivre Vincent à Londres, où le conduit la mission qu’il a dû accepter pour éviter la case prison. Sous une fausse identité de médecin travaillant pour une ONG, il va devoir gagner la confiance d’un homme d’affaires anglais, fortement soupçonné de complicité avec les services secrets syriens. Et le plus sûr accès à l’intimité du suspect sera la jeune et belle épouse française de Burton…

casting sur mesure

Sur fond de faux-semblants et de manipulations successives, l’intrigue d’ Espion(s) déroule son itinéraire avec un sens aigu du suspense et une capacité de créer une tension permanente, sans passer par la quantité d’épisodes violents qu’aucun film américain ne saurait impunément négliger. Saada sait prendre son temps sans abuser du nôtre, et insuffler aux figures obligées du genre une assez inhabituelle dimension humaine. L’agent pressé de la DST campé par Hippolyte Girardot, celui, fatigué, du MI5, que joue Stephen Rea (l’acteur fétiche de Neil Jordan), le businessman corrompu mais sincèrement amoureux qu’interprète Vincent Regan, se voient tous octroyer un supplément de vérité qui fait la différence. Et face à un excellent Guillaume Canet, assumant les doutes et la fragilité du personnage de Vincent, la trop rare Géraldine Pailhas est magnifique dans le rôle de Claire. Une femme écartelée entre la fidélité à un mari qui lui ment pour la protéger, et son attirance pour un autre homme dont les propres mensonges pourraient le mettre en danger. Le duo de ces deux-là, chacun dans un personnage en total porte-à-faux, apporte une émotion subtile et poignante à un spectacle par ailleurs bien efficace dans sa vocation de thriller d’espionnage international.

www.marsfilms.com/film/espion(s)

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Louis Danvers

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