TOURNÉ COMME UN FILM INDÉ, LE PREMIER VOLET HYPER NARRATIF DE LIFE IS STRANGE SE JOUE DE MICRO-VOYAGES DANS LE TEMPS POUR NOURRIR SON GAMEPLAY. FASCINANT.

Life is Strange

ÉDITÉ PAR SQUARE ENIX ET DÉVELOPPÉ PAR DONTNOD ENTERTAINMENT, ÂGE: 18+, DISPONIBLE SUR PC, PLAYSTATION 4, XBOX 360 ET XBOX ONE.

8

Jouer deux fois (voire plus) le même passage clé d’un jeu pour modifier la trame de son scénario: de Fallout 3 à Mass Effect, tous les gamers ont déjà « triché » dans ce sens. Pas besoin toutefois de jongler avec les sauvegardes sur Life is Strange. Héritier de Heavy Rain, le titre permet de directement rembobiner ses passages cruciaux. Le tout pour refaire en direct des scènes que l’on désire corriger. Dénoncer son ex-meilleure amie d’enfance au risque de la décevoir (encore) ou la protéger et mettre en péril une bourse d’études âprement décrochée? Le jeu d’aventure hyper narratif propose d’avancer dans la vie en prenant des décisions dont on connaît les conséquences à court terme. Une démarche jamais vue derrière les manettes. Jubilatoire.

Le gimmick n’est toutefois pas le seul artefact ludique découlant des micro-voyages dans le temps de Maxine, héroïne post-ado de cette nouvelle production de Dontnod Entertainment. Le studio parisien, qui modifiait déjà les souvenirs des protagonistes de son imparfait Remember Me (alors édité chez Capcom), articule ainsi une poignée de puzzles impliquant une chronologie d’actions quasi simultanées, impossibles à réaliser pour le commun des mortels. Pour chasser trois pestes bloquant l’entrée de son dortoir, l’étudiante en photographie doit ainsi activer un gicleur d’eau et saboter le manche d’un pot de peinture. En même temps. Une opération réalisable uniquement via la touche rewind, créatrice de situations fascinantes d’ubiquité. Braid, es-tu là?

Ado mais pas trop

Trouver la bonne réponse pour éviter l’humiliation en classe. Eviter de se mettre le principal à dos. Aider une proche à esquiver un ballon de rugby. Life is Strange utilise aussi songameplay temporel pour nourrir, sans le gaver, son scénario. Premier épisode sur cinq (le prochain arrivera en mars), Chrysalis tisse ici les bases d’un récit interactif attachant.

Gosse de riche, punkette rebelle, fille au lourd secret, surveillant miliaire et autre sportif idiot tapissent certes l’aventure fantastique de clichés très college movies. Mais on est loin de la farce américaine. Et il fait bon plonger dans la vie étudiante d’Arcadia Bay, petite bourgade imaginaire de la côte Est des Etats-Unis, dans l’Oregon. Bercé par José González, Sparklehorse et Syd Matters, Life is Strange développe avec doigté plusieurs thématiques pas forcément surnaturelles.

La découverte de pouvoirs prodigieux, la disparition mystérieuse d’une étudiante et les visions d’apocalypse de Maxine n’occultent ainsi pas outre mesure les protagonistes impliqués. A coup de monologues intérieurs, le jeu brosse aussi avec délicatesse les failles de ses personnages. Cruauté révélatrice de faiblesses ou simple naïveté, ceux-ci sont brossés par une direction artistique 3D aventureuse, comme dessinée à la main. Une démarche graphique d’autant plus originale que le thème de la photographie y occupe une place majeure, cours théorique à l’appui…

MICHI-HIRO TAMAÏ

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