En vogue – Paris Is Burning

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Blood Orange a samplé ses dialogues. St. Vincent a donné son nom à l’une de ses chansons. Attention film culte! Sorti en 1991, tourné à New York à la fin des années 80, primé au festival de Sundance mais aussi à celui de Berlin, Paris Is Burning est un monument. Un incroyable témoignage sur la communauté LGBT, le voguing et la ball culture new-yorkaise. Un objet exceptionnel entré dans les collections de la bibliothèque du Congrès américain et étudié à l’université. Aussi bien dans les cours de danse que d’anthropologie.

Ce documentaire, Jennie Livingston (une Blanche plutôt privilégiée) lui a consacré sept ans de sa vie. On est à Harlem. Dans l’univers extravagant des ballrooms. Un étrange type de bal peuplé par les différentes minorités du quartier. Noirs, Portoricains, gays, trans, drag queens… Tous s’y affrontent. Y imitent. Y dansent. Y défilent. Skieur, étudiant, cadre hétéro, gentleman farmer… Dans les bals, on devient quelqu’un d’autre. On devient soi. On oublie surtout celui qu’on n’est pas. Devant un jury, sur fond de musique branchée, de fascination pour la mode et les grands couturiers. Qu’ils soient beaux, aient un joli corps, une hallucinante personnalité ou s’habillent dans l’air du temps, toutes et tous peuvent être la reine d’un soir. Toutes et tous en tout cas rêvent d’applaudissements, de reconnaissance, de victoire. De richesse, de célébrité, de devenir une superstar.

Dans ces battles du paraître, ces concours de l’évasion et de la réinvention dont certains jeux télé américains pour transformistes comme RuPaul’s Drag Race se sont totalement inspirés, la danse à la mode est le voguing. Caractérisé par ses poses qui imitent les modèles des magazines (bien avant que José Garcia ne se prenne pour Cindy Crawford), le voguing doit son nom au maga féminin Vogue ( « ils n’allaient pas danser le Mademoiselle »), emprunte à la gymnastique et a influencé jusqu’à Madonna.

Précieux, truffé de témoignages (ceux de Pepper LaBeija, Freddie Pendavis, Octavia St. Laurent…), Paris Is Burning raconte le milieu des bals et tous ceux qui gravitent autour. Il évoque la prostitution, le sida. L’apparence qui aide à gagner de l’argent, puis les désirs et les rêves forcément. Vie heureuse, mariage, changement de sexe et enfants.  » Il n’y a rien de masculin en moi à part ce que j’ai entre les jambes » , dit l’une.  » J’ai été un homme qui imite la femme mais je n’ai jamais été une femme, affirme l’autre. Je n’ai jamais connu ce truc une fois par mois. Ni été enceinte. Je ne saurai jamais ce que ressent une femme. Je fais seulement ce qu’un homme habillé en femme ressent. Je n’ai jamais voulu changer de sexe. Ce serait aller trop loin (…) Avoir un vagin ne veut pas dire qu’on aura une vie fabuleuse. Elle pourrait même être pire. » La série Netflix Pose en vrai… À ne pas rater malgré l’heure tardive.

Documentaire de Jennie Livingston.

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