Robin Hood de Ridley Scott ouvrira le 63eFestival de Cannes dans quelques jours. S’il brasse quantité de noms familiers, le millésime 2010 s’annonce toutefois riche en surprises. Présentation.

C’est un rituel reconduit d’année en année: à l’approche de la sélection cannoise, la planète cinéma est gagnée par la fébrilité, s’abandonnant sans guère de retenue au règne de la spéculation. 2010 n’a pas dérogé à la règle, qui donnait comme partants (pratiquement) certains Tree of Life de Terrence Malick, Somewhere de Sofia Coppola, ou encore la Potiche de François Ozon. De ceux-là, toutefois, nulle trace à l’arrivée. Pour tout dire, le programme concocté par Thierry Frémaux n’est point avare en surprises, même s’il s’inscrit dans la stricte observance de quelques règles cardinales, comme celle voulant que nombre d’habitués soient conviés à la fête. Ou encore celle voyant la manifestation, cadre traditionnel de la célébration du cinéma d’auteur -un postulat plus que jamais d’application cette année-, ménager diverses ouvertures vers le grand public.

Contours familiers

A cet égard, la sélection officielle apparaît comme un modèle d’équilibre. A défaut, peut-être, de noms ronflants, la Compétition (soit 18 films, dont aucune première £uvre, qu’aura à départager un jury présidé par Tim Burton) présente néanmoins des contours familiers. On y retrouve ainsi 2 ex-Palmes d’or: l’Anglais Mike Leigh, couronné en 1996 pour Secrets and Lies, et de retour avec Another Year, et l’Iranien Abbas Kiarostami, récompensé un an plus tard pour Le Goût de la cerise, et dont l’on découvrira le Copie conforme. A leurs côtés, de nombreux cinéastes ayant déjà eu les honneurs du palmarès: on citera notamment Xavier Beauvois, prix du jury il y a 15 ans avec N’oublie pas que tu vas mourir, qui présentera Des hommes et des dieux; Rachid Bouchareb dont le Hors-la-loi succède aux Indigènes, prix d’interprétation en 2006; Wang Xiaoshuai, prix du jury en 2005 pour Shanghai Dreams, de retour avec Chungqing Blues; Nikita Mikhalkov, qui donne une suite à son Soleil trompeur, grand prix en 1994; Bertrand Tavernier, dont La Princesse de Montpensier consacre le retour sur la Croisette 26 ans après le prix de la mise en scène à Un dimanche à la campagne, et 20 ans tout juste après la présentation de Daddy Nostalgie; et on en passe, comme Alejandro Gonzalez Inarritu, l’auteur de Babel signant cette fois Biutiful; Lee Chang-dong, annonçant Poetry, 3 ans après le mémorable Secret Sunshine, et autre Apichatpong Weerasethakul, l’auteur de Tropical Malady proposant cette fois Uncle Boomee Who can Recall His Past Lives.

Ajoutez-y encore les présences de Takeshi Kitano ( Outrage, qui le voit renouer avec le film de yakuzas), Kornel Mundruczo, Mathieu Amalric (l’acteur présente une Tournée fort attendue) et autre Daniele Luchetti, et l’on reste là dans la grande famille cannoise, qui accueille toutefois quelques nouveaux venus, au rang desquels le cinéaste tchadien Mahamat-Saleh Haroun ( Un homme qui crie), mais encore Doug Liman ( Fair Game). L’auteur de The Bourne Idendity a le lourd privilège d’être le seul candidat américain à la Palme d’or, le cinéma US ayant certes les honneurs de l’ouverture ( Robin Hood de Ridley Scott avec les stars Russell Crowe et Cate Blanchett), mais restant cantonné par ailleurs hors compétition où l’on retrouve notamment Woody Allen, pour son opus annuel, et Oliver Stone, avec sa suite à Wall Street.

Les Belges à la Quinzaine

Petite s£ur de la compétition, la section Un certain regard respecte peu ou prou les mêmes équilibres, même si l’on y retrouve 4 premiers films, en lice donc pour la Caméra d’or. Quelques vétérans s’y sont également donné rendez-vous, comme Jean-Luc Godard, avec Film socialisme, ou Manoel de Oliveira, avec L’étrange affaire Angelica, aux côtés desquels on retrouve des auteurs aussi renommés que Jia Zhang-ke, Hideo Nakata, Hong Sang Soo ou Pablo Trapero, et d’autres, en devenir, comme Xavier Dolan ou Cristi Puiu. Soit, en tout état de cause, un plateau particulièrement relevé, en même temps qu’un espace privilégié de découvertes, au même titre que ces 2 sections parallèles de haut vol que sont la Semaine de la Critique et la Quinzaine des Réalisateurs.

Cette dernière fait cette année la part belle au cinéma belge, généralement tenu en haute estime sur la Croisette, et qui a eu le don de séduire son nouveau sélectionneur, Frédéric Boyer. Fin diplomate, ce dernier s’en est tenu à une stricte parité linguistique: au Illégal d’Olivier Masset-Depasse, auteur, voici quelques années, du singulier Cages, répondra le Little Baby Jesus of Flandr de Gust Van den Berghe, un premier film, et déjà tout un programme en soi…

Texte Jean-François Pluijgers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content