Un jour de l’été 1968, le New-Yorkais Elliott Landy débarque à Woodstock pour photographier un Dylan reclus et notoirement muet sur sa vie privée. En ressortiront les seules images intimes de la star misanthrope… Focus a retrouvé ce témoin privilégié.

J ‘avais photographié Janis Joplin et Albert Grossman, son manager qui était aussi celui de Dylan, avait aimé les images. Il m’a d’abord envoyé à Woodstock (Ndlr, localité d’artistes au nord de l’Etat de New York) prendre des clichés du Band, le groupe qui accompagnait Dylan et c’est comme cela que tout a commencé…  » Elliott Landy, né en 1942, a cette distinction des vendeurs hors-pair: son sourire est aussi pro que son Nikon. Avec le bon côté des tchatcheurs ricains, férus d’histoires. Il a de quoi vu les rencontres faites à la charnière des années 60:  » J’avais commencé en photographiant des marches contre la Guerre du Vietnam, je travaillais pour The Rat ou le New York Free Press, le rock était encore underground, Woodstock (Ndlr, le festival qui a eu lieu l’été 1969 à Bethel, à 70 km de Woodstock) a changé tout cela, c’est alors devenu un business. Après Joplin et The Band, on m’a appelé pour Dylan qui avait accepté d’être l’objet d’un reportage pour le Saturday Evening Post et qui m’a fait confiance. La première fois que je suis allé chez lui, il ne posait absolument pas et se contentait de jouer et de chanter, je sentais que le moment était spécial… J’ai utilisé un film infrarouge pour la photo où il est appuyé sur la voiture, et puis je suis revenu lui montrer les tirages. A ma troisième visite, il m’a invité à rester dormir chez lui, on a beaucoup parlé. Pas du fait qu’on était juifs tous les deux, il ne l’a même jamais mentionné. Il me disait qu’il ne s’occupait pas non plus de politique même s’il avait déjà écrit Masters Of Wars (1). Il disait: je prends ce qui est dans l’air et je le mets dans les chansons »… Landy quitte New York et emménage à Woodstock – où il habite toujours -, devient ami avec Bob, passe du temps chez lui de temps à autre.  » Je pense qu’il m’a fait confiance parce qu’il avait l’impression que je ne voulais rien de lui. Je pense l’avoir traité comme n’importe quelle autre personne que j’ai jamais photographiée. Et puis, il y a ces photos avec Sarah et ses enfants.  »

Après le séjour reclus à Woodstock, Dylan retourne à New York et continue sa carrière de pop-star. Il ne posera jamais plus dans son intimité familiale et passera son temps à semer les pistes, y compris dans ses films « documentaires » comme Eat The Document ou Renaldo And Clara. Elliott Landy n’a plus jamais revu Dylan et s’occupe aujourd’hui de faire fructifier ses archives. Dylan est toujours embarqué dans son interminable Never Ending Tour…

www.landyvision.com

(1) Come you masters of war/You that build all the guns/You that build the death planes/You that build the big bombs.

TEXTE PHILIPPE CORNET

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