MANOIR HANTé – Dans un ancien orphelinat habité par les esprits, un film d’horreur au classicisme délectable et aux ramifications surprenantes…

De Juan Antonio Bayona. Avec Belen Rueda, Fernando Cayo et Geraldine Chaplin. 1 h 40. Sortie: 05/03.Espagnol ou mexicain, le cinéma hispanique a largement contribué, depuis une quinzaine d’années, au renouveau du film d’horreur. Avec des auteurs comme Alex de la Iglesia ( El Dia de la Bestia), Alejandro Amenabar ( Tesis, The Others) ou Guillermo del Toro ( El Espinazo del Diablo), ce sont autant de voix originales qui se sont exprimées, bientôt suivies d’autres, comme celle de Jaume Balaguero. Ou, aujourd’hui, de Juan Antonio Bayona, cinéaste espagnol qui signe, avec El Orfanato, son premier long métrage, un film produit – le monde est petit – par Guillermo del Toro.

Faisant sienne une formule éprouvée, Bayona situe son histoire dans un cadre clos et à l’abandon – une vaste demeure qui abrita, des années auparavant, un orphelinat. Ancienne pensionnaire des lieux, Laura (Belen Rueda, vue dans Mar Adentro) revient s’y installer, accompagnée de son mari, Carlos, et de leur fils, Simon.

Le couple a l’intention de rénover la somptueuse bâtisse, et d’y accueillir des enfants handicapés mentaux. A peine commencent-ils à s’y employer que Simon leur parle d’un nouvel ami imaginaire, Tomas, avant de faire état de la présence d’autres « compagnons de jeux » invisibles. Il en faut plus, toutefois, pour éveiller sérieusement l’intérêt des parents, trop affairés. Bientôt, pourtant, les phénomènes étranges se multiplient, cristallisés autour d’une énigmatique vieille femme. Si Carlos tente bien d’avancer quelque explication logique aux événements, Laura, elle, semble happée par l’univers mental de Simon, et les mystères qui le peuplent. Le jour où ce dernier disparaît, l’horizon de la famille bascule…

POUSSEE D’IRRATIONNEL

Ingrédients classiques que ceux-là, auxquels le réalisateur réussit pourtant à conférer une saveur toute particulière. La maîtrise sans ostentation de la mise en scène n’y est bien entendu pas étrangère. Le cinéaste distille l’effroi avec une maestria que l’on ne saurait assez saluer, exploitant au mieux la moindre possibilité se présentant à lui. Et se permettant, au passage, de détourner judicieusement les clichés les plus éculés – la scène de la medium (Géraldine Chaplin, sidérante) est, à cet égard, un tout grand moment. S’ajoute à cela l’habileté, et surtout la densité d’un récit où la poussée d’irrationnel se double d’une affolante plongée dans les abîmes de la conscience – trouble assuré.

Réminiscent, dans sa facture, de classiques, comme The Innocents, de Jack Clayton, ou, plus récemment, The Others, d’Alejandro Amenabar, El Orfanato traduit aussi l’expression, d’un talent singulier. Bien plus qu’une promesse, voilà une £uvre déjà remarquablement aboutie – dernièrement récompensée, d’ailleurs, au festival de Gerardmer. Un pur régal de film de genre, suffocant et, par moments, tétanisant. A découvrir absolument.

u www.lorphelinat.com u www.theorphanagemovie.com

JEAN-FRANçOIS PLUIJGERS

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