L’Américain Diplo joue avec le reggae, le dub et son pote anglais Switch sous le nom de Major Lazer. Il sera à Dour vendredi entouré de sa clique.
Certains le connaissent sous le nom de Thomas Wesley Pentz, de Wess Gully ou, plus parlant, de Captain No Format. Né dans le Mississipi, élevé dans le sud des Etats-Unis, Diplo est un artiste tout-terrain. Avec son comparse Low Budget, il dirige le club et collectif Hollertronix. Il possède son propre label, est un producteur en vogue et a remixé sans £illères des tonnes de musicos, qu’ils soient étiquetés rock, rap, électro ou pop mainstream. Les Black Lips, Hot Chip, Radiohead, Kanye West, Bloc Party, Britney Spears et même Bart Simpson se sont laissé triturer par le blanc bec.
Diplo, pseudo qui lui vient de sa passion, gamin, pour les dinosaures, possède probablement l’un des carnets d’adresse les plus fournis de l’industrie musicale. Il fait partie de cette poignée de DJ’s qui dessinent les tendances. » Lorsque des types comme Switch ou Diplo se mettent à passer vos morceaux, vous êtes lancés », expliquaient il y a quelques mois les membres portugais de Buraka Som Sistema en tentant d’analyser leur succès et l’avènement du kuduro, le mouvement angolais qu’ils ont occidentalisé. « Ça fait des années que je mets des plaques, mixe et produis des disques. Je voulais enfin avoir le mien », résume Diplo au sujet de Major Lazer et de son premier album: Guns don’t kill people… Lazers do. Cette galette reggae dub, efficace et forcément ensoleillée, l’Américain l’a concoctée avec son pote anglais Switch. Ils s’étaient déjà mis, ensemble, au service de M.I.A. et Santigold. « Nous avons établi une liste de ceux avec qui nous voulions collaborer et nous sommes partis en Jamaïque. J’habite en Floride… Il n’y a qu’une heure d’avion entre Orlando et Kingston. »
Outre Santigold et les s£urs jumelles de Nina Sky, le duo a débauché des tas d’artistes locaux: Vybz Kartel, Mr. Vegas, Turbulence, T.O.K… « Le public est plus ouvert aujourd’hui qu’hier, remarque le natif de Tupelo. Il en a marre de voir débarquer tous les deux mois des groupes anglo-saxons ennuyeux et prévisibles. Personne ne s’attendait à la percée de Gnarls Barkley ou d’une M.I.A. «
Pour lui, le succès de Paper Planes, qu’il avait d’ailleurs produit avec Switch, est inespéré. « Car M.I.A. n’est pas une de ces artistes préfabriquées, créées de toutes pièces par une maison de disques. Une de ces pop stars de 18 ans à qui Justin Timberlake ou Timbaland ont pondu un hit. »
Hommage au baile funk
Wesley est un globe-trotter. Et pas seulement de la musique. A 21 ans, il part en Inde pendant six mois pour aider à la reconstruction après le dramatique tremblement de terre de 2001 qui a ravagé le pays en même temps que le Pakistan. Il s’occupe ensuite d’enfants au Japon. Et rentre sans le sou à Philadelphie où il bosse pour payer ses voyages au Brésil.
Toujours prêt à s’investir dans des projets à vocation sociale, Diplo a plus que contribué à la percée du baile funk aux Etats-Unis. Ancien étudiant en cinéma, il termine d’ailleurs un documentaire sur ce qu’on appelle aussi le funk carioca. « Je veux rendre hommage à cette scène. Trop peu de gens connaissent son histoire. Je travaille là-dessus depuis trois ou quatre ans. Si ça prend des plombes, c’est parce que je dois financer ce film moi-même. »
Les connexions entre Diplo et le Brésil sont plus qu’étroites. Originaire de Curitiba, Bonde Do Role est la première signature de son label. Fondé en 2006, Mad Decent compte également DJ Blaqstarr dans son catalogue. » Nous ne planifions pas de sortir un disque de reggae, puis un autre de hip hop. Pour entrer chez Mad Decent, un groupe doit juste être différent et intéressant. Ce que certains sont dans les mots mais pas en studio. »
Ceux qui allient le geste à la parole, Wes leur donne un coup de pouce. « Les grosses structures se préoccupent uniquement de vendre leurs grands noms. Ce sont des Beyonce qui paient les factures d’électricité et maintiennent allumées les enseignes des majors. Moi, je suis toujours en train de collaborer, de m’immerger dans une culture et c’est probablement ce que je continuerai à faire jusqu’à ma mort. »
Guns don’t kill people… Lazers do, chez Mad Decent/Downtown Music/V2.
Au festival de Dour, le 17/7.
Texte Julien Broquet
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