Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

CONFIRMANT LE RETOUR D’UN SONGWRITING US AUSSI CLASSIQUE QU’INTEMPOREL, MY MORNING JACKET POND UN SEPTIÈME ALBUM FOLK-ROCK INSPIRÉ DE BOUT EN BOUT.

My Morning Jacket « The Waterfall »

DISTRIBUÉ PAR ATO/PIAS.

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Plus que jamais, la musique est devenue une affaire de croyance. L’enjeu n’est pas la nouveauté, ni la révolution à tout prix. Il s’agit avant tout de croire. « Believe », chante ainsi Jim James à l’entame de The Waterfall, dernier album en date de My Morning Jacket. « Believe/Nobody knows for sure », insiste-t-il. Croire donc, puisque de toutes façons rien n’est certain…

La foi, cela faisait un petit moment qu’on avait commencé à la perdre, concernant le groupe du Kentucky. Après une série de disques indie-folk finement troussés, My Morning Jacket avait épaté tout le monde avec Z, grand disque qui combinait un songwriting fiévreux à de nouvelles pistes esthétiques. Par la suite, le quintet avait cependant donné l’impression de perdre un peu le fil, essayant toujours de nouvelles choses, mais en ne parvenant plus vraiment à rassembler ses idées. Quatre ans après Circuital, le nouveau The Waterfall arrive donc juste à temps pour rappeler à quel point My Morning Jacket est capable de fulgurances mélodiques, sans forcément avoir besoin de chercher midi à quatorze heures.

A bien des égards, The Waterfall porte bien son titre. Septième album de la discographie de MMJ, il semble couler de source. Une cascade de dix morceaux où le songwriting se baigne dans les eaux chaudes et réconfortantes d’un folk-rock hospitalier, quitte même parfois à frôler l’exercice FM seventies (Compound Fracture). La confection des morceaux aurait d’ailleurs été à ce point naturelle et évidente que les Américains ont prévu de sortir encore cette année un deuxième disque, issu des mêmes sessions d’enregistrement.

On pourrait croire que la vie de MMJ est devenue un long fleuve tranquille, un océan de sérénité artistique. C’est évidemment plus compliqué que cela. Désordres sentimentaux, problèmes de santé (une hernie discale pour Jim James, et des semaines passées cloué au lit)… A chacun son lot d’accrocs, de doutes et de galères, qui ont bien fini par alimenter The Waterfall. Au hasard, sur le titre Thin Line, Jim James chante par exemple, mordant: « There is a thin line between lovin’ and wasting my time » (Thin line)… Sur Get The Point, l’air se fait presque country pour adoucir la peine: celle que cause l’amour qui s’effiloche avant de complètement s’évanouir: « I guess you get the point, the thrill is gone, gone, gone. » En toute fin de disque, Only Memories Remains se rapproche d’un crooning soul. Ballade douce-amère, elle voit Jim James roucouler, au bord d’en faire trop, tentant de dégoupiller pudiquement la situation. « For a time there by the sea/ There was only you and me », se rappelle-t-il en même temps que les promesses d' »amour toujours, avant de devoir constater: « Sometimes life has other ideas »

Sur la forme, My Morning Jacket reste certes dans les lignes. Celles d’un rock qu’on dirait classique, si le terme ne faisait pas peur. Un peu comme l’album de War On Drugs sorti l’an dernier en fait, l’écriture de MMJ s’inscrit dans une tradition américaine, de Dylan à Springsteen, qui sonne moins passéiste que juste. Ou, en d’autres mots, pertinente.

EN CONCERT LE 01/09, AU RIVIERENHOF, ANVERS.

LAURENT HOEBRECHTS

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