Didier, la 5e roue du tracteur

Didier, parti racheter le tracteur, la moissonneuse batteuse et des bêtes de la ferme d’à côté tombée en faillite, est revenu bredouille, mais avec le fermier Régis, prêt à se pendre. Pour Soizic, la soeur de Didier, c’en est trop: déjà qu’elle se tape la lessive du frangin mais à présent celle du voisin dépressif… la coupe est pleine, il faut agir. La solution? Trouver une femme à Didier. Le moyen? Meetic.fr. La tâche est ardue dès le début. Comment rendre attirant ce fainéant rondouillard, binoclard, grisonnant et amateur de sport à la télé? Si c’est Didier qui crée son profil, Soizic et Régis n’ont de cesse de passer derrière le prétendant pour le modifier au gré des mésaventures du quotidien. Et quand enfin un poisson est ferré, Didier, encore puceau, s’enfuit devant une « coquinette » bien trop entreprenante.  » Cas désespéré« , se disent Soizic et Régis. Ce dernier, ayant quant à lui finalement repris du poil de la bête, commence à reluquer la frangine, pas du tout insensible à ses avances. Pascal Rabaté, au tournant du millénaire, s’est fait le chroniqueur de la vie rurale. Au scénario, au dessin ou les deux à la fois, il a signé des petits bijoux tels La Marie en plastique, Crève saucisse et le sublime Les Petits Ruisseaux. Sans toutefois atteindre le niveau de ce dernier, Didier, la 5e roue du tracteur est de cette veine-là. Comme toujours, Rabaté porte un regard attendri sur ces personnages de la France d’en bas. S’ils sont souvent drôles, ils sont également touchants et dignes dans leur malheur. François Ravard n’est pas David Prudhomme, autre collaborateur occasionnel de Rabaté, mais son dessin et ses couleurs sont, dans un registre plus classique, efficaces, avec juste la touche de caricature qu’il faut à cette très chouette histoire située à l’opposé d’une certaine émission de téléréalité!