Départ de feu

 » J’ai conscience de fonctionner un peu en roue libre. » Effectivement: César Pasqua, travailleur inepte du marketing cigarettier, évolue en Suisse dans un simulacre bien commun de vie sociale, professionnelle et amoureuse. Trentenaire plongé dans un cynisme en franglais mâtiné d’inutiles injonctions à l’urgence sinon à l’empressement, il perd son temps en amassant des sous et n’écoute personne. Le jour où son immeuble est détruit par les flammes, on lui apprend coup sur coup l’existence et le décès dans le sinistre d’une vieille voisine de palier dont il s’effare de n’avoir jamais avoir eu connaissance:  » Je n’arrive pas à comprendre comment cette femme a pu vivre toutes ces années derrière le mur de ma chambre sans que je le sache« , se désole-t-il, avant d’entamer une sortie de route existentielle qui l’enverra de détox en retour à la terre (polynésienne), de reconversion campagnarde en délires diogéniques. Si ses envolées agacent souvent, traversées d’excès vains et de naïveté adolescente, le lecteur saura apprécier, au-delà d’une forme convenue et souvent bancale, le spectacle réjouissant de la déshérence en guenilles de ce brave César -victime expiatoire de nos vacuités quotidiennes, qui se déconnecte sans paliers jusqu’à vraiment toucher le fond du néant qui lui sert de conscience.

D’Adrien Gygax, éditions Plon, 264 pages.

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