Les demoiselles de Rochefort, de Jacques Demy, avec Catherine Deneuve, Françoise Dorléac, Michel Piccoli. 1966. Dist: Twin Pics.

Belle de jour, de Luis Bunuel, avec Catherine Deneuve, Pierre Clémenti, Michel Piccoli. 1967. Dist: Universal.

Parmi les nombreuses pépites qui balisent le parcours de Catherine Deneuve, Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy et Belle de jour de Luis Bunuel comptent assurément parmi celles sur lesquelles le temps semble avoir le moins de prise, la ressortie récente de ces 2 films au format Blu-ray permettant d’en mesurer l’éclat persistant.

La nouvelle restauration dont ont bénéficié Les Demoiselles pour l’occasion est ainsi un enchantement permanent: jamais les couleurs de Rochefort n’ont paru aussi scintillantes; quant au ballet orchestré par Jacques Demy, il est tout bonnement somptueux, les chassés-croisés amoureux et autres chemins de traverse de l’existence trouvant devant sa caméra une expression d’une aérienne légèreté, magnifiée encore par des chorégraphies où brille un Gene Kelly virevoltant, alors que la complicité des s£urs Dorléac -Catherine et sa s£ur, Françoise; Delphine et Solange à l’écran- prend ici un tour proprement singulier. Au-delà, on ne peut qu’abonder dans le sens d’un Tavernier observant que Deneuve était à Demy ce que Grace Kelly avait été à Hitchcock, là où la redécouverte du film apporte la démonstration que « Le souvenir du bonheur, c’est peut-être encore du bonheur », suivant la formule heureuse d’Agnès Varda, dont Les demoiselles ont eu 25 ans figure en complément. Tourné dans la foulée, et adapté de Joseph Kessel, Belle de jour de Luis Bunuel montre l’actrice sous un jour étonnant -une constante dans des choix qu’elle a eus volontiers risqués. Elle y campe Séverine, une femme à la beauté glaciale quittant son confort (grand) bourgeois pour vendre ses charmes dans une maison close, et se consumant bientôt d’amour pour un truand. Devant la caméra inspirée de Bunuel, l’histoire se fait conte troublant, mêlant réalité et imaginaire en une exploration des fantasmes féminins. Belle de jour laisse une marque indélébile, à laquelle n’est certes pas étrangère la présence magnétique et absente à la fois de Catherine Deneuve. A l’excellence de la copie s’ajoute celle de suppléments laissant notamment longuement la parole à Jean-Claude Carrière, scénariste de ce classique pénétrant. Un must.

J.F. PL.

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