MORTEL MANGA – Et s’il suffisait d’écrire le nom d’une personne dans un petit carnet pour qu’elle décède? Psychose garantie.
De Tsugumi Ohba et Takeshi Obata, 12 volumes (8 publiés) chez Kana, 208 pages.
Octobre 2007, parc Duden à Forest. Trois gros morceaux de corps masculin sont retrouvés. Tout à côté, deux feuilles de papier où quelqu’un a écrit, en capitales rouges et jaunes: » Watashi wa Kira dess. » Ce » je suis Kira » en japonais fait référence à Death Note, une série manga qui a connu un énorme succès au pays du Soleil levant (20 millions de copies vendues mi-2007). Le 8e volume sort en français ce 15 février. L’identité de la personne qui a abandonné les bouts de corps, quant à elle, reste toujours un mystère.
PSYCHOSE
Le meccano du parc Duden n’est pas le seul événement troublant lié à Death Note. La série a été interdite par plusieurs écoles chinoises: certains de leurs élèves titillaient camarades et professeurs en écrivant leurs noms dans des carnets noirs rappelant les death notes du manga. Aux Etats-Unis, un étudiant de l’Académie militaire Franklin, à Richmond (Virginie), a été provisoirement renvoyé pour possession d’un faux death note où il inscrivait les noms de ses petits camarades. On frôle la psychose…
Décliné en roman (préquelle du manga), anime (37 épisodes de 20 minutes), films live (deux à ce jour, la sortie du troisième est prévue pour ce mois de février au Japon) et jeux vidéo (trois sur Nintendo DS), Death Note se base sur une idée simple: et s’il suffisait d’écrire le nom d’une personne dans un petit carnet pour qu’elle décède? On pourrait également décider de la manière dont elle doit mourir: crise cardiaque, accident, mort violente, etc.
De ce noyau, le scénariste Tsugumi Ohba (lui-même un mystère, lire l’encadré) a tiré tout un univers de « dieux de la mort » et de machinations à l’échelle planétaire, initiées par un jeune Japonais, Light Yagami. Derrière son pseudonyme Kira, ce dernier s’est donné pour ambition de débarrasser la Terre du crime… et de devenir un nouveau dieu. Tsugumi Ohba déploie son scénario comme une partie d’échecs hypercérébrale. Chaque joueur anticipe les réactions de son adversaire avec plusieurs dizaines de coups d’avance. Un duel qui n’est pas sans rappeler la lutte au long cours entre Johann et Kenzô Tenma dans Monster. On n’hésitera d’ailleurs pas à mesurer les 8 volumes publiés de Death Note à l’aune de ce monument de Naoki Urasawa, tant leurs qualités sont comparables. Et leur intérêt tout aussi incontestable.
VINCENT DEGREZ
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