Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

L’un est le gamin d’un commissaire retraité, l’autre le rejeton de Nicolas Sarkozy. Un pedigree qu’il faut savoir gérer pour faire son trou dans le milieu du rap.

On ne choisit pas ses parents. On ne choisit pas sa famille. On ne choisit pas non plus les trottoirs de Neuilly, Uccle, Lasne ou Passy pour apprendre à rapper. Olivier Nardin, alias James Deano, fait du hip-hop et vient de Waterloo. Son single Les blancs ne savent pas danser cartonne en France où Les Inrocks présentent étrangement le lascar comme un Mike Skinner (The Streets) qui jouerait dans un film des frères Dardenne produit par les frères Farrelly.

Oublions ces frères, parlons de son père. Deano est le fils d’un ancien commissaire de police. Il y a forcément plus crédible et vendeur pour un rappeur. « Les préjugés sont davantage venus des gens de la rue que de mes parents, très tolérants, explique-t-il. Chez les jeunes un peu racailleux, le pater en képi n’est généralement pas trop bien vu. Mais non, ça n’empêchait pas les copains de venir à la maison. Bien sûr, j’ai raillé un peu la police. Au début, quand je tombais dans le cliché. » Aujourd’hui, James Deano en rigole. Il a intitulé son album et l’une de ses chansons Le Fils du commissaire. « Je ne viens pas de la cité. Je n’ai pas connu la pauvreté. L’humour aide un peu à se légitimer », confie-t-il.

UN FARDEAU LOURD à PORTER

Si son géniteur, qui pose en uniforme sur la pochette de son premier album, est retraité, sa mère, elle, travaille toujours à la police de Châtelet où son rejeton a d’ailleurs sont fan club. « Elle m’a récemment demandé quatre dédicaces pour ses collègues. » On imagine mal Rachida Dati, Michèle Alliot- Marie et Xavier Darcos faire signer par Pierre Sarkozy le CD du gangsta rappeur Poison avec lequel il a travaillé. « Fils du président, c’est un fardeau encore plus lourd à porter que fils du commissaire », lâche Deano.

Pourtant, depuis quelques années déjà, le plus vieux des gamins de Sarko joue les producteurs pour les rappeurs de France et des Etats-Unis. Jean, le cadet, a un temps pensé rejoindre les ordres. Contraste brutal avec Pierre qui a toujours voulu devenir le Dr. Dre de Neuilly. Il suit vaguement des études de droit avant de postuler pour un stage chez AZ/Universal sous le nom de Pierre Culioli. Il traîne avec des rappeurs. Se fait appeler Mosey ou Pierre mais jamais Sarkozy. Daddy, alors ministre de l’Intérieur, est l’ennemi numéro 1 dans le milieu. Il a d’ailleurs porté plainte contre les groupes Sniper et La Rumeur.

Jamel se fait bluffer par le pseudo. Sur le making of du 100 % Debbouze qui raille le père, certains sons viennent du fils. Mosey, incognito, fourgue par ailleurs une instru à Poison qui crache dessus sa haine de Sarko. « Si c’est justifié, et il doit savoir de quoi il parle, je ne peux rien dire. Mais bon, ça reste mon père », aurait-il confié à une amie.

Car il ne faut pas espérer avoir le témoignage du fils rebelle. Il est interdit d’interview le temps d’un quinquennat. Sa véritable identité, dévoilée lors de la présidentielle, a tout de même du bon. Il gratte désormais des places pour les concerts. Se fait présenter P. Diddy, Kanye West et Jay Z. Cerise sur le gâteau, il devrait travailler, comme Timbaland, au prochain album de M. Pokora…

James Deano: « Le Fils du commissaire » distribué par Warnerwww.myspace.com/jamesdeano

julien broquet

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