La Reine des Aliens. Dead Space fait hurler les joueurs de terreur dans un univers gore et SF marquant. Mieux, il dépoussière le gameplay propre au survival horror. Une nouvelle référence est née.

édité par Electronic Arts et développé par Electronic Arts Redwood Shores Studio, âge 18+, disponible sur PC, Xbox 360 et PS 3.

Tressaillir d’effroi joypad en main est un plaisir rare que seule une poignée de titres ( Doom 1, Resident Evil2) ont réussi à offrir à travers la courte histoire des jeux vidéo. Trop souvent, des survival horror comme Silent Hill, Forbidden Siren ou Manhunt se cantonnent à un sentiment de malaise, sans vraie peur panique à la clef. Raillé ces dernières années pour son manque d’originalité, Electronic Arts signe un double exploit avec Dead Space. Il parvient à casser sa loi des séries ( FIFA, Need For Speed, Sims) et offre un aller simple pour un voyage terrifiant (à en crier), vu à la troisième personne entre horreur et SF.

L’effroi dans Dead Space ne vient pas du physique cauchemardesque des Necromorphes, ces créatures humanoïdes et animales génétiquement mutilées, dont les lambeaux de chair ont été modélisés à partir de vraies photos d’accidentés de la route. Mais découle avant tout de son incroyable sens de la mise en scène gore et flippante. Apparemment inertes, certains cadavres croisés sautent en effet subitement à la gorge du joueur. Un sens de la surprise jubilatoire qui s’illustre également lorsque des mutants jaillissent des plafonds, murs et sols lorsqu’on s’y attend le moins. Le joueur reste ainsi dans un état d’insécurité constant, d’autant qu’il entraperçoit souvent ça et là des chimères claudiquer au loin.

Jeu vidéo parano

Cliché, le scénario de Dead Space se nourrit de combats orchestrés de main de maître. Avec une foule de petites nouveautés très pertinentes et un gameplay polymorphe saisissant. Au-delà de la gestion classique de son inventaire (medikits, oxygène, munitions, améliorations d’armes…), on se débarrasse ainsi des Necromorphes en visant les bras, les jambes mais pas la tête! Déroutant et prompt à faire couler l’hémoglobine. Mieux: à peine installé dans cette routine, le joueur doit remettre ce fondement en question au bout de quatre chapitres. Les développeurs voulaient éviter tout confort aux gamers. Mission réussie. Tout viscérale qu’il soit, Dead Space se parfume toutefois d’une légère dose de réflexion et de stratégie. La télékinésie et les « Stases » (qui gèlent l’action) permettent de résoudre des énigmes minimalistes et de combattre avec plus de finesse.

Malgré quelques poncifs de level design, rallongeant artificiellement la sauce (le joueur retourne dans des salles déjà visitées), Dead Space éblouit. Et suce jusqu’à la moelle la spécificité de son environnement spatial et gore pour tendre à fond les ressorts de son univers high-tech à l’abandon. Les virées sanglantes dans les sombres corridors de l’USG Ishimura (un titanesque vaisseau fantôme mystérieusement à la dérive) se ponctuent ainsi de la découverte en apesanteur de gigantesques salles de turbine, avec des clins d’£il au 2001 de Kubrick. Le cloisonnement lassant de Doom 3 est évité vu qu’on grimpe également sur la carlingue décharnée d’un immense vaisseau fantôme pour des balades dans le vide spatial. Avec comme stress supplémentaire une réserve d’oxygène limitée à une poignée de secondes. Et surtout un silence ouaté, qui masque les râles rauques des monstres qu’on n’entend plus arriver.

La B.O. appuie encore la sensation de frayeur. Des violons grinçants s’affolent lorsque des monstres rodent dans les parages pour se taire quand la situation revient à la normale. Le titre use et abuse de fait des recettes frissonnantes du cinéma gore avec talent. Il adore ainsi se jouer de faux-semblants en balançant ça et là fumée, flash stroboscopiques, ombres inquiétantes et autres machineries douteuses pour rendre le joueur encore plus parano. Qu’on se le dise, Dead Space réinvente le survival horror SF et se présente comme le premier jeu retranscrivant avec talent l’esprit oppressant et terrifiant de la quadrilogie Aliens. Ce qui n’est pas peu dire.

Michi-Hiro Tamaï

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