Quel est le projet, comment le résumeriez-vous?

D.C.: Un one-shot mettant en scène deux frères dont les parents viennent d’être brutalement assassinés, ayant pour cadre un univers fantastique européen… Mais dont la fin remet en question tout ce qui vient d’être exposé précédemment.

Pourquoi n’a-t-il pas vu le jour, quel était le contexte?

D.C.: J’ai proposé cette histoire à Cyril pendant son écriture. Il m’a relu, conseillé, aidé durant toute la réalisation du scénario, jusqu’à sa version finale. Ensuite, après avoir terminé Portugal, il s’est mis au travail sur les pages… Mais il n’a jamais réussi à aller plus loin. Un jour, il m’a avoué qu’il n’y arrivait pas, qu’il n’y arrivait plus, qu’il ne se voyait plus, désormais, travailler sur quelque chose qu’il n’aurait pas écrit lui-même. J’ai tout à fait compris, et j’ai eu de la peine pour le temps qu’il avait consacré à lutter contre cet impossible qu’il sentait approcher.

C.P.: J’ai abandonné le projet au bout d’une quinzaine de pages. Il était difficile pour moi de me projeter dans le scénario d’un autre après tant d’années de travail solitaire, malgré ma complicité avec David.

Quel regard portez-vous sur ce projet avec le recul, regrettez-vous qu’il n’ait pas existé ou au contraire, pensez-vous que c’est mieux ainsi?

D.C.: J’ai eu beaucoup de mal à trouver un dessinateur pour prendre la suite de Cyril. J’ai parfois été tenté d’abandonner, eu des doutes intenses quant à son achèvement. Notamment après l’abandon par un dessinateur américain avec qui j’avais envie de travailler depuis longtemps et ce, malgré une page d’essai et un contrat. A ce moment, j’ai commencé à croire au projet maudit. Et puis la lumière est venue, de l’autre côté de l’Atlantique et par hasard. Un dessinateur américain souhaitant faire de la bande dessinée en France m’a contacté. Son scénario n’était pas convaincant mais l’esprit et l’univers proche de La Route de Tibilisi, je le lui ai proposé et il a aussitôt accepté.

C.P.: Je ne regrette pas d’avoir fait ces pages, ni d’avoir arrêté. J’ai eu du plaisir à les dessiner. C’était une nouvelle approche pour moi, une nouvelle technique, une tentative de ne pas me satisfaire d’un savoir-faire déjà acquis.

A-t-il nourri d’autres projets par la suite (si oui, lesquels?), a-t-il été important pour vous dans votre parcours?

D.C.: Il a été important car il a représenté une étape, presque une épreuve, dans l’amitié qui me lie à Cyril. Aujourd’hui, il est derrière nous, depuis longtemps. Cela nous permet d’en rire. Enfin, surtout lui, car c’est un ignoble salaud.

C.P.: En fait, oui, ce projet a été très important. C’était l’occasion pour moi de mesurer à quel point j’avais besoin de travailler sur des projets personnels, qui me touchent de très près. Et cela m’a encore plus décidé à m’engager davantage dans mon travail, dans ce que j’ai envie de raconter, à être plus exigent avec moi-même, autant que possible en tout cas.

Pensez-vous le reprendre un jour?

C.P.: Non.

CHAQUE SEMAINE, GROS PLAN SUR UN PROJET DE BD AVORTÉ, SOUVENT TRÈS PROMETTEUR.

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