Danse en ligne

L’Après-midi d’un faune (1912)

Le danseur et chorégraphe russe Vaslav Ninjinski avait développé son propre système de notation de danse. Grâce à ces écrits, il a été possible de remonter scrupuleusement certains de ses ballets, révolutionnaires à plus d’un titre, comme le célèbre Après-midi d’un faune (ici un extrait du ballet remonté par l’Opéra national de Paris, en 2009), sa première oeuvre en tant que chorégraphe et où il endossait également le rôle principal. Inspiré par un poème de Mallarmé, sur le Prélude éponyme de Debussy, dans des décors et des costumes du peintre Léon Bakst, Ninjinski crée une danse « bidimensionnelle », où les mouvements du faune et des nymphes s’inspirent des ornements des vases et des bas-reliefs grecs antiques. Corps tordus, membres anguleux, déplacements latéraux et de profil: il y avait lors de la première au Théâtre de Châtelet à Paris largement de quoi faire scandale, gonflé plus encore par le caractère érotique de la scène finale. Un scandale que surpassa la première du Sacre du printemps, l’année suivante, sur une composition originale, brute et déroutante de Stravinsky, dont Numéridanse offre également quelques minutes (par les Ballets de Monte-Carlo, en 2009).

Rosas danst Rosas (1983)

Chorégraphie emblématique d’Anne Teresa De Keersmaeker, Rosas danst Rosas est une pièce pour quatre danseuses -dont ATDK elle-même-, créée à la Balsamine, à Bruxelles, en 1983. Mais l’oeuvre de la Belge a touché un public beaucoup plus large grâce à l’adapation cinématographique par Thierry De Mey -qui en co-signe également la musique avec Peter Vermeersch- tournée dans le cadre de l’école Rito, à Louvain, une architecture signée Henry Van de Velde. Numéridanse en présente un extrait de plusieurs minutes (l’oeuvre dans son intégralité est disponible dans le coffret DVD Anne Teresa De Keersmaeker – Early Works). Rosas danst Rosas a également fait le tour du monde grâce à Re:Rosas, un projet interactif mis sur pied en 2013 pour le 30e anniversaire de sa création, où ATDK révélait en vidéo les détails de la fameuse séquence des chaises pour que chacun puisse se l’approprier (avec également la possibilité de télécharger la musique originale). L’invitation est d’ailleurs lancée à tous ceux qui veulent s’y essayer en cette période de confinement.

RainForest (1968)

Avec ses coussins remplis d’hélium empruntés à l’installation Silver Clouds d’Andy Warhol et ses justaucorps couleur chair triturés avec une lame de rasoir par le peintre Jasper Johns, RainForest est bien une pièce des années Pop Art. Et une des oeuvres-phares d’un des rénovateurs de la danse au XXe siècle, l’Américain Merce Cunningham. Numéridanse propose un extrait de la version montée en 2019 par le Ballet de Lorraine. On retrouve les oreillers argentés à New York, dans les studios de Cunningham, dans un extrait du documentaire que Marie-Hélène Rebois a consacré à l’ultime tournée de RainForest en 2009.

Agwa (2006)

Avec son complice Kader Attou, cofondateur de la compagnie Accrorap en 1989, Mourad Merzouki a contribué à la montée du hip-hop sur les scènes de danse contemporaine françaises. Loin de s’embourgeoiser ou de se contenter de reproduire les bonnes recettes du breakdance, Merzouki brasse toujours plus large. Pour Agwa, créé en 2006 (mais capté ici en 2008 au CCN de Créteil, que dirige le chorégraphe), il s’associait à onze danseurs originaires de Rio de Janeiro. Sur le thème de l’eau, les acrobaties hip-hop y croisent celles de la capoeira, la samba et la bossa nova se mêlent aux musiques électroniques, dans un décor que composent des centaines de gobelets en plastique.

Jours étranges (1990)

Figure de proue de la Nouvelle Danse française, Dominique Bagouet aura mené une carrière fulgurante entre son premier prix au concours de Bagnolet en 1976, pour Chanson de nuit, et sa mort du sida, en 1992, à 41 ans. Jours étranges (ici une captation dans la cour du Palais des Papes au Festival d’Avignon en 1993) est l’une de ses pièces majeures, où la danse contemporaine se mêle au mime et à l’énergie du rock, sur la musique des Doors. Un hommage à la jeunesse et aux émois adolescents porté par six interprètes dont les personnalités fortes ont tout le loisir de s’exprimer.

Ushio Amagatsu (1993)

Numéridanse ne s’intéresse pas qu’à la danse occidentale, loin de là. Disponible en ligne en intégralité, le documentaire Ushio Amagatsu, éléments de doctrine est consacré à l’un des représentants du buto, cette danse japonaise fondée à la fin des années 50 par Tatsumi Hijikata, aux interprètes recouverts de blanc, à la fois minimaliste dans ses moyens et terriblement expressive dans ses effets. Ce film réalisé par André S. Labarthe se penche plus particulièrement sur les répétitions d’une reprise de la pièce Kinkan Shonen ( Graine de kumquat), créée en 1978.