SCORSESE RETRACE LE DESTIN D’UN TRADER ACCRO À L’ARGENT, À LA CAME ET AU SEXE DANS LE WALL STREET DE TOUS LES EXCÈS. ET REDONNE QUELQUES COULEURS À SON CINÉMA…

The Wolf of Wall Street

DE MARTIN SCORSESE. AVEC LEONARDO DICAPRIO, JONAH HILL, MARGOT ROBBIE. 2 H 59. DIST: BELGA.

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« J’ai eu la chance de travailler avec lui. J’ai retrouvé le bonheur de tourner quand on a fait Aviator, par exemple. Le plaisir qu’il prend au travail et sa capacité à prendre des risques et foncer ont ravivé mon enthousiasme. » S’exprimant dans les compléments du Loup de Wall Street, Martin Scorsese s’y fend d’un éloge appuyé de Leonardo DiCaprio, star de cinq de ses films depuis Gangs of New York, en 2002. Le moment est assurément bien choisi tant « The Wolf« , initié par l’acteur, traduit un net regain de forme dans le chef d’un réalisateur dont les derniers faits d’arme n’avaient rien de particulièrement exaltant, déclinant sa filmographie en mode mineur, n’était l’heureuse parenthèse Hugo. Mais alors que l’on n’osait plus guère y croire, Scorsese renoue ici avec une inspiration réminiscente des Goodfellas ou autre Casino, l’impérieuse nécessité de son cinéma en moins, sans doute.

Inspiré d’une histoire vraie, The Wolf of Wall Street nous emmène dans la place financière new-yorkaise au crépuscule des années 80, au moment où y débarque Jordan Belfort (Leonardo DiCaprio, dans une composition outrée bien de circonstance), un jeune ambitieux mal dégrossi. S’il a tôt fait de s’y trouver un mentor en la personne de Mark Hanna (Matthew McConaughey, sidérant), le moment est plutôt mal choisi, puisqu’il correspond au krach boursier du 19 octobre 1987. Qu’à cela ne tienne, Belfort a de la ressource, et ce qui ressemble au départ à une combine modeste va rapidement lui permettre de se refaire, jusqu’à bientôt se retrouver, avec ses associés de la Stratton Oakmont, à la tête d’une fortune colossale. La Bourse et le monde à leurs pieds, ni plus ni moins, et rien pour les retenir de se vautrer dans un océan de débauche -sex, drugs & money à gogo composant ici un cocktail pour le moins explosif.

Un tsunami de folie

S’agissant du destin de Jordan Belfort, surnommé « le loup de Wall Street » au faîte de sa splendeur, Leonardo DiCaprio évoque « ce qui arrive à un homme quand il est aspiré dans le vortex de l’avidité« . Formule on ne peut mieux appropriée pour cerner le trader, venu s’ajouter à la galerie de personnages obsessionnels et excessifs jusqu’à tutoyer l’abîme qui peuplent l’univers de Scorsese. S’emparant de son histoire, le réalisateur retrouve une énergie et une férocité qu’on ne lui soupçonnait plus. Et croque avec une jubilation manifeste l’époque et ses excès en tous genres -argent facile, cynisme et vulgarité, et tant d’autres choses encore, servies ici jusqu’à plus soif. Soit un « tsunami de folie », suivant l’expression du scénariste Terence Winter, et un film qui, pour n’être point exempt de fautes de goût -raccord, en tout état de cause, avec l’univers dépeint-, n’en donne pas moins le vertige…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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