Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

20.35 ARTE

DE KARL ZERO ET DAISY D’ERRATA.

Après Jacques Chirac et Georges W. Bush, Karl Zero s’attaque, avec son épouse Daisy D’Errata, au mythe Fidel Castro. Sur le mode, une fois encore, de l’autobiographie non autorisée. Compte tenu de l’état de forme physique ou professionnel desdits politiques, le verbe « s’attaquer » n’est d’ailleurs pas forcément le plus approprié. Tirer sur des ambulances en pleine route vers le cimetière des éléphants serait probablement plus représentatif de la démarche. Le prochain gros bras sur lequel travaille le tandem n’est d’ailleurs autre que… Michael Jackson, mais il aurait tout aussi bien pu s’appeler Ariel Sharon.

Dans le cadre d’un Thema consacré au Lider Maximo, Arte diffuse donc ce documentaire qui ne laissera pas indifférent, à l’image de la personnalité de Karl Zero. Un Zero qui, comme à l’époque de l’excellent Vrai journal, agit en tandem avec son épouse et pioche dans sa liste de grands journalistes amis – ici, Alex Jordanov – pour l’aider à trouver la mesure. Avec un certain sens de la férocité, mais également avec une tendresse non feinte, le parcours de l’un des derniers géants de la politique mondiale – de l’enfance jésuite aux malaises, chutes publiques et passages à l’hôpital, en passant par l’ascension vers le pouvoir avec le Che, son amour des… vaches et son aura dans la harangue populaire – est retracé plic-ploc, sans chronologie, au gré des thématiques abordées.

LOURDEURS

Las… Dans la peau de Fidel Castro pèche par plusieurs aspects, notamment le plus prégnant parce que le plus immédiat et le plus obsédant: Fidel Castro « se raconte »lui-même, au travers d’images d’archives, avec la voix de Pierre Arditi. Pas que la présence du comédien étonne, lui qui ne cesse de prêter son timbre au genre documentaire. Mais sur près d’une heure et demi, le ton fatigue, surtout si l’on considère le côté surjoué de l’interprétation et la « finesse » du texte: ici « ils ont tenté d’envahir la Baie des Cochons, les porcs », là « je suis de loin le plus grand comédien de tous les temps, je vendrais un cirque à ma mère et ma mère à un cirque ». On en passe, car le film est truffé de lourdeurs du genre, atténuant sans cesse la portée journalistique des trouvailles biographiques, auxquelles ont finit par ne plus accorder beaucoup de crédit. Le procédé vaut ce qu’il vaut, on peut accrocher ou non: en se plongeant artificiellement dans la tête de Fidel, pour l’entendre raconter sa vie comme s’il était dans un bar, Karl Zero et Daisy D’Errata en amuseront certains, en passionneront d’autres. En agaceront d’autres encore, nous par exemple. l

Guy Verstraeten

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