A ses qualités d’acteur, l’inoubliable Pingouin de Batman Returns a su ajouter celles de réalisateur, mais aussi de producteur éclairé, de Pulp Fiction en Erin Brockovich.

S’il fallait le cerner par une formule, on dirait de Danny DeVito qu’il est la polyvalence incarnée. Il y a l’acteur, bien sûr, dont les débuts sont pourtant hésitants. Tourné en 1969, son premier film, Dream of Glass, est aussitôt oublié. Son apparition, 6 ans plus tard, dans One Flew over the Cuckoo’s Nest de Milos Forman, que produit son ami Michael Douglas, ne suffit pas à l’arracher à l’anonymat; il faudra la télé, et la série Taxi pour qu’il perce enfin, à la fin des années 70, avant d’aligner les compositions mémorables au cinéma -on n’a oublié ni le Pingouin de Batman Returns ni le journaliste à ragots de L.A. Confidential, pour n’en citer que 2 parmi les plus marquantes.

A celle d’acteur, DeVito ajoute la casquette de réalisateur dès la fin des années 80, et Throw Momma from the Train. C’est à l’occasion de son troisième film comme metteur en scène, un portrait du syndicaliste Jimmy Hoffa, que campe son vieux complice Jack Nicholson, qu’il endosse en outre les habits de producteur, créant avec succès sa propre société, Jersey Films. Bien vite, en effet, DeVito se multiplie: s’il lui arrive, pratique courante, de financer l’une de ses réalisations – Matilda, savoureuse adaptation de Roald Dahl, en 1996-, il fait aussi preuve d’un flair presque infaillible au moment de produire ses pairs. Démonstration avec Reality Bites, comédie générationnelle de Ben Stiller; et puis, ce qui reste assurément son plus beau coup d’éclat, Pulp Fiction, le film cultissime de Quentin Tarantino, Palme d’or à Cannes. Dans la foulée, Jersey Films s’associe aux projets les plus divers: l’impeccable Get Shorty de Barry Sonnenfeld, d’après Elmore Leonard (où DeVito apparaît par ailleurs); l’inégal Fierce Creatures de Fred Schepisi, qui réunit la bande de A Fish Called Wanda; voire encore le dispensable Feeling Minnesota de Steven Baigelman -on ne peut pas gagner à tous les coups, il est vrai. Infortune relative et toute passagère: la seconde moitié des années 90 ressemble à un feu d’artifices pour la société, avec la révélation d’Andrew Niccol, dont DeVito produit l’épatant Gattaca, mais encore des films avec Steven Soderbergh ( Out of Sight, Erin Brockovich) et autre Milos Forman ( Man on the Moon).

Ayant aujourd’hui, plus que jamais, un pied à la télévision (il est l’un des piliers de la série It’s Always Sunny in Philadelphia) et l’autre au cinéma (il a retrouvé tout récemment Michael Douglas pour Solitary Man, avant d’enchaîner sur la comédie When In Rome), DeVito semble par contre avoir la main moins heureuse dans ses choix de producteur. Des années 2000, on retiendra essentiellement Garden State, l’excellent film de Zach Braff. Non sans guetter Crazy Eddie, biographie d’Eddie Antar, le patron d’une chaîne de boutiques d’électronique ayant bâti son succès sur des campagnes de pub façon télévangéliste, avant d’être condamné pour fraude fiscale. Voilà qui devrait convenir à merveille à l’esprit corrosif de DeVito, producteur et réalisateur sur ce coup-là…

la semaine prochaine: tom cruise

Jean-François Pluijgers

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